Isabelle Lepage, co-présidente de l'association Fraise de Plougastel, créée en 1998 et qui représente aujourd'hui les 32 producteurs de la célèbre fraise finistérienne (jardins suspendus, pleine terre, conventionnel et bio), fait le point sur l'avancée du dossier de demande d'IGP et évoque les enjeux derrière cette reconnaissance.
« Nous espérons l'IGP pour 2025 »
C'est en 2022 que l'Association Fraise de Plougastel dépose un dossier de reconnaissance en IGP auprès de l'Institut National de l'Origine et de la qualité (INAO). « Fin 2022 la commission d'enquête de l'INAO a été nommée et donc le dossier accepté. Au printemps 2023 des représentants de l'institut sont venus nous rencontrer et voir comme nous travaillions. A l'issue de cette visite nous avons dû retravailler le cahier des charges ». Un travail effectué avec le soutien de la Chambre d'agriculture qui a fourni à l'association un appui technique. Et si la reconnaissance en IGP est d'ordinaire plutôt longue la Fraise de Plougastel, elle, a un petit avantage : « L'aire géographique a déjà été reconnue par la préfecture dans les années 80, ce qui nous fait gagner un temps précieux contrairement à d'autres dossiers ». L'association espère obtenir l'IGP fin 2025. Indépendamment de la protection, l'IGP permettrait aussi d'attirer de nouveaux producteurs. « La majorité des producteurs de Fraises de Plougastel est âgée de plus de 50 ans, donc nous misons aussi sur cette reconnaissance pour recruter des jeunes producteurs. D'autant que si elle est acceptée, elle pourrait ouvrir des portes à d'autres bassins de production ».
Une marque pour se protéger en attendant l'IGP
Pour se prémunir des fausses Fraises de Plougastel et ainsi garantir la traçabilité en attendant le label IGP, les producteurs ont décidé d'agir en créant la marque 'Fraise de Plougastel'. Un lancement de marque étroitement lié à la demande d'IGP puisqu'il s'agit du même cahier des charges. – Reconnue en mars 2024 par l'INPI 'Fraise de Plougastel' est une marque collective qui appartient à l'association de producteurs mais également à la mairie de Plougastel –. « Nous avons constaté au fil des ans, particulièrement les producteurs présents sur les marchés de plein vent, qu'il y avait de plus en plus de fraises de Plougastel ». Problème ? « Il y en a plus sur le marché que ce qu'il est possible de produire. La fraise de Plougastel étant produite sur 40 hectares, les quantités ne peuvent excéder les 2 000 tonnes/an. Nous avons même vu des fraises estampillées 'Fraise de Plougastel' origine Espagne sur des marchés parisiens il y a quelques années. Les producteurs s'étaient à l'époque tournés vers la DGCCRF ; malheureusement la marque n'étant pas déposée ces pratiques restaient autorisées. »
La GMS locale soutient les producteurs
Pour sensibiliser au maximum le client final sur la provenance de la Fraise de Plougastel l'association de producteurs a décidé de miser sur la communication. Dès 2025 la fraise bretonne aura donc son site internet ; les producteurs qui pratiquent la vente directe pourront quant à eux apposer le logo de la nouvelle marque. « Chaque producteur aura son certificat avec un numéro d'adhérent et les GMS présentent sur notre territoire sont également prêtes à afficher le logo en rayon. Finalement notre souhait c'est que le consommateur se questionne sur la provenance du produit ».
Crédit photo : Association Fraise de Plougastel
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