Aujourd’hui est la sixième journée de mobilisation des gilets jaunes. Pour le secteur des fruits et légumes, les problèmes sont graves. Dès le début de la semaine, les stocks chez les producteurs augmentent, les magasins ne sont plus livrés et le risque que de nombreux produits soient apportés à la déchetterie augmente.
L’entreprise Ribambelle est spécialiste des légumes comme l’endive et le chou. Jean-Pierre Dalle, commercial France-export, décrit la gravité de la situation. « Tous les produits souffrent de la grève. Il n’y a pas de transport et les stocks de poireaux, d’endives et tous les autres légumes dans le nord de la France commencent à grimper. »
Des camions bloqués
« Lundi, on n’a eu aucun départ du nord de la France en direction du reste de la France et toute l’Europe », explique Jean-Pierre. « Mardi, il y a eu un peu de départs, mais les camions qui ont livré le sud-est et le sud-ouest étaient bloqués. Ils ne sont pas revenus, et par conséquent il n’y a plus beaucoup de disponibles dans le nord pour ramasser les endives. Mercredi matin, beaucoup de magasins n’ont pas été livrés. Désormais, la moitié des marchandises peuvent partir, en comparaison avec une journée normale. »
Les stocks chez les producteurs augmentent
Entre-temps, les producteurs d’endives continuent à produire. « On augmente les stocks chez les producteurs depuis lundi/mardi. Cela est possible pendant 72 heures. Après, on va voir que la qualité n’est plus fraîche. L’endive commence à bouger et les premières feuilles vont être marrons. C’est très embêtant pour nous. »
Normalement les producteurs d’endives travaillent 5 jours par semaine. Ribambelle a demandé aux producteurs de travailler 3,5 jours cette semaine, et 6 jours la semaine prochaine, s’il n’y a plus de grève. « On va essayer de décaler la production pour avoir de la belle marchandise fraîche la semaine prochaine. Nous pouvons retarder la récolte de 48 heures, mais pas plus. Si on laisse pousser les endives pendant plus de 23 jours au lieu de 21, la fleur va pousser au-dessus de l’endive. »
Manque de fruits et légumes en magasins
« Dans les magasins, il manque de tous les fruits et légumes », dit Jean-Pierre. « De nombreux magasins n’ont pas été réapprovisionnés depuis samedi matin. Les grossistes des villes moyennes arrivent à livrer avec de petits camions et de petites camionnettes, mais les centrales d’achat ne peuvent pas approvisionner les magasins sur au moins 20 % de la France. »
Chute de prix
La semaine dernière, le marché des endives était bon, avec une très bonne dynamique. « On avait de très bonnes perspectives. Depuis vendredi, la situation s’est compliquée. Chez nous, les prix ont chuté. Nos producteurs sont payés 1,45 € en France ; presque 1 € de moins que nos amis belges et hollandais, parce que tout est bloqué. La marchandise traîne chez les producteurs, chez les transporteurs, chez des sociétés comme nous… On ne peut pas payer le producteur 2 € quand on va vendre les marchandises à 1 € dans 3 jours, parce que le produit sera invendable. »
Ribambelle est dans le flou total. « Ils annoncent des blocages assez graves encore vendredi et samedi, avec très peu de départs vendredi et samedi en transport. On continue d’essayer d’envoyer de la marchandise. Chez nous, 15 % de celles qui sont parties vendredi dernier n’ont pas encore été livrées. La plupart des camions est bloquée dans les régions de Toulouse, Bordeaux et Perpignan, et Agen. »
Selon Jean-Pierre, les gens commencent à ne plus adhérer au mouvement. « Au début, samedi, c’était sympa. Lundi, beaucoup de monde n’a pas pu aller au travail. Mardi, c’était pareil. Les chiffres d’affaires continuent à baisser. »