Après une campagne 2018 marquée par des dégâts de gel sur la fleur, 2019 a été plus clémente pour le secteur des fruits à noyau français. Quelques parcelles ont été touchées par du gel mais de manière très anecdotique. La floraison a été plutôt précoce et abondante, ce qui faisait même craindre des besoins en éclaircissage importants. Cependant, la baisse des températures et le ralentissement de la végétation ont ralenti les chantiers d’éclaircissage, les arboriculteurs préférant bien voir ce qui allait rester sur les arbres avant d’intervenir sur la charge. Sans accident climatique majeur, la production devrait être bonne et proche du potentiel optimum.
En pêches et nectarines, les prévisions de récolte sont de 210 000
tonnes, soit + 17 % par rapport à 2018 et – 3 % par rapport à la moyenne 2013/2017. La baisse structurelle des surfaces qu’on connaissait depuis près de 20 ans semble enfin s’arrêter.
Pour les pavies, les surfaces sont stables avec une augmentation de la production prévue de 20 % par rapport à 2018 et de + 1 % par rapport à la moyenne 2013/2017.
Synthèse de la récolte de 2018
Au niveau européen, après une campagne 2016 positive pour la
production, 2017 s’était avérée plus compliquée. 2018 a été marquée par une production déficitaire suite au gel qui a touché de nombreuses zones de production en Europe. La situation du marché et des prix a été hétérogène.
Pour les productions italiennes et espagnoles, destinées aux marchés de l’Europe du Nord, malgré une offre à la baisse, les prix sont restés
relativement bas et même s’ils n’ont pas atteint les niveaux planchers de 2017, ils ont été souvent en dessous des coûts de production dans ces pays pourtant compétitifs.
A l’inverse, le produit français a pu bénéficier sur son marché national de prix d’expédition très corrects, maintenus fermes du fait du déficit d’offre tout au long de la saison et de la volonté toujours affirmée pour de nombreuses enseignes de la distribution de favoriser les produits français et d’accepter un différentiel de prix parfois très significatif.
Le déficit de production, la faiblesse des rendements sur certaines parcelles et certains secteurs sont venus ternir un résultat pour la filière française qui aurait pu être très satisfaisant.
Cette situation se confirme depuis au moins 3 ans, avec l’apparition d’un différentiel de prix marqué sur le marché français entre le produit français et le produit importé, principalement d’origine espagnole. C’est sans doute le résultat des efforts fournis par la filière française en matière de qualité des produits, de service, d’organisation, de communication, d’échanges et d’actions collectives comme la démarche vergers écoresponsables. Mais c’est aussi l'effet de la mode du « produit en France » qui touche tous les rayons. C’est la confiance des consommateurs envers un produit français par rapport à un produit étranger mais aussi, il faut en être conscient, le résultat de la baisse du potentiel de production, puisqu’il n’est jamais plus facile de tenir les prix que quand les stocks sont au plus bas, ce qui est le cas depuis que la France est descendue autour des 200 000 tonnes de pêches et de nectarines.
En tout cas, cette conjonction de facteurs redonne un élan à la filière
française. Les taux de renouvellement des vergers augmentent, de nouvelles plantations apparaissent et malgré la sharka toujours présente et la difficulté de trouver du foncier adapté dans certains bassins de production, la filière pêche nectarine française semble avoir retrouvé des perspectives et semble redémarrer.
La situation est différente à l’étranger et notamment en Espagne. Ces
dernières années ont été difficiles, les plantations ont ralenti et un plan
d’arrachage a même été mis en place en Catalogne. Les effets de ce plan restent à vérifier, car comme souvent, ce type de dispositif ne fait que confirmer des choix d’arrachages qui avaient déjà été pris, et souvent pour des vergers en bout de course.
La concurrence reste donc forte. Les marchés du Nord de l’Europe semblent perdus pour une production française pas assez compétitive si ce n’est quelques niches, notamment en Suisse et en Belgique.
La bataille va se poursuivre sur le marché Français avec deux stratégies presque opposées. Côté Français, le travail entamé il y a quelques années va être poursuivi pour chercher à créer de la valeur ajouté sur le produit. Pour cela les initiatives dans le domaine de l’environnement vont être continuées avec la poursuite du développement des vergers éco-responsables et la certification HVE niveau 3 visée par de nombreux producteurs. Cette année le segment de la production biologique a bénéficié de niveaux de rémunération très élevés, ce qui encourage certains producteurs (notamment dans le Roussillon) à franchir le pas, malgré les difficultés techniques.
En Espagne, la stratégie est à priori opposée. Le point fort de la production espagnole est sa compétitivité générée notamment par ses coûts de main d’œuvre très bas, mais aussi par une forte intensification au verger et en station de conditionnement. Le point
faible est la faible valorisation des produits sur le marché, sans doute à cause d’une croissance des volumes mal digérée, mal maîtrisée et des produits mal défendus.