La campagne d’abricots cette année aura été fortement impactée par les conditions climatiques. A commencer par les longs épisodes de gel pendant la période de floraison qui ont provoqué une chute de fleurs importante, limitant les prévisions de récolte à moins de 50 000 tonnes d’abricots. Un triste record sur les 30 dernières années. Dans un contexte de dérèglement climatique qui n’est plus à prouver, Pascal Bassols, responsable technique et commercial chez COT International, fait un point sur la saison d’abricots en France. Il exposera également les principaux challenges de la sélection variétale ainsi que les points forts de la production française.
Variété ROUGECOT cov, abricot rouge résistant SHARKA
Un manque de volume qui a maintenu des prix corrects
Ce manque de volume aura tout de même permis de maintenir les prix à un niveau correct. « Globalement et compte tenu de la situation, les producteurs sont assez contents. Beaucoup me disent que finalement, la récolte a été meilleure que ce qui avait été annoncé lors des prévisions. Nous n’aurons finalement pas -70 % de récolte mais -50 %, - 60 %. Même si je ne suis pas certain que les prix soient suffisamment hauts par rapport à la perte de production, qui est très aléatoire suivant les producteurs et les variétés. Mais on peut se demander si les prix auraient été satisfaisants si nous avions eu les gros volumes initialement prévus en raison de la faible production de 2020 ».
Une bascule tardive des origines au sein de la Grande Distribution
Pour Pascal Bassols, si la saison avait été normale, la production aurait eu du mal à se vendre compte tenu de la bascule tardives des origines en grandes surfaces : « La grande distribution du fait des prévisions de récoltes très basses a fait une assez mauvaise bascule des origines étrangères à la France. Elle n’a pas cherché à acheter les variétés précoces françaises et a tardé à mettre l’origine France en rayon. Les commerciaux ont dû se battre auprès de la grande distribution pour vendre le peu de volumes qu’ils avaient. Voilà pourquoi je pense que les prix cette année ne reflètent pas le manque de production. Mais s’il y avait eu des volumes, peut être que la grande distribution française aurait fait cette bascule plus tôt, et qu’elle aurait absorbé les volumes. Ce qui ne veut pas dire qu’elle les aurait vendus, ni même acheté à un prix intéressant pour le producteur, mais elle les aurait absorbés. C’est un cercle qui peut être vertueux quand ça se passe bien et vicieux quand ça se passe mal ».
La qualité gustative : une norme qui doit rentrer dans la sélection variétale pour tous
Face à ces changements climatiques qui impactent de plus en plus la production et la consommation, les nouvelles variétés sélectionnées doivent répondre à un certain nombre de critères : « Avant toute chose, le premier challenge de la sélection est de loin la satisfaction du consommateur. Ces dernières années, il y a eu énormément de nouvelles variétés en abricot mais qui ont été sélectionnées sur des critères de qualité visuelle et non gustative. Nous avons créé des variétés très belles sans trop se poser la question si elles étaient très bonnes. On s’en est rendu compte depuis, et on cherche désormais à proposer avant tout des abricots qui plaisent au consommateur. Toutes les études disent qu’un consommateur achète avec les yeux, mais que si le produit ne correspond pas à ses attentes au niveau gustatif, alors il lui faut environ 20 jours pour revenir en acheter. Sur une saison qui dure deux mois en abricots, les conséquences sont importantes. Si un abricot n’est pas bon à manger sur l’arbre, il ne faut surtout pas le sélectionner. Nous sommes à ce titre très optimistes pour notre variété FIESTA COT, qui est très bonne gustativement. »
Variété FIESTA COT cov
Des variétés qui produisent dans beaucoup de zones de production
Outre cette recherche de qualité gustative, il est important aujourd’hui de sélectionner des variétés qui évoluent positivement face au changement climatique : « L’année dernière nous avons manqué d’heures de froid pour l’abricot, les fleurs se sont nécrosées ce qui fait que les arbres ont beaucoup moins produit. Voilà pourquoi chez COT, nous avons des vergers de sélection variétale à Nîmes, mais aussi à Murcia, car nous avons très tôt compris qu’il fallait pouvoir avoir des variétés qui peuvent produire avec 300 heures de froid, comme avec 1000 heures de froid. Ce qui nous permet de proposer en fonction des zones de production des variétés qui ont été testées dans des amplitudes thermiques et des latitudes différentes. La variété Lady COT, est une variété qui se comporte très bien dans toutes les zones de production. Que ce soit en Murcia ou dans la vallée du Rhône ».
« Par ailleurs, on observe un véritable engouement de la part de la profession pour les variétés tardives. L’abricot a connu des moments compliqués ces dernières années, mais on sent aujourd’hui d’une façon générale un attrait des producteurs pour des variétés gustatives, rustiques et productive. Les créneaux précoces sont également demandés aujourd’hui, mais il faut que les variétés soient très gustatives ».
Des variétés qui produisent avec moins de traitements
La question agroécologique reste aujourd’hui importante. « L’état d’esprit général aujourd’hui veut que nous produisions des fruits plus sains avec moins de produits chimiques. Pour cela, nous devons trouver des variétés qui soient résistantes ou tolérantes aux maladies. Cela fait 9 ans chez COT que nous testons la présence de marqueurs moléculaire pour la résistance au virus de la Sharka sur tous les hybrides que nous sélectionnons. Et en fonction de la réponse, nous décidons de conserver ou non la variété. On essaye aussi de travailler sur des variétés qui soient résistantes au monilia sur fleur, l’un des principaux défis pour la production bio aujourd’hui ».
Variété COCOT cov, résistante SHARKA
La production française : au plus juste de la maturité consommateur
Bien qu’elle soit moins compétitive à l’export que ses voisines, la production française a selon Pascal Bassols un certain nombre d’atouts pour elle : « Avant toute chose, c’est une production qui se veut qualitative. Les fruits sont cueillis au plus juste de leur maturité. La plupart des abricots français étant destinés au marché national, il est possible de les cueillir au plus proche de leur maturité consommateur et subissent de ce fait moins les temps de transports en camion. Ce qui est moins le cas pour la production du sud de l’Espagne, principalement destinée à l’export ».
La production française organisée en trois bassins de productions
« Nous avons la chance également d’avoir trois bassins de productions qui sont le Roussillon, la Vallée du Rhône et le Gard, qui permet de pouvoir fournir au consommateur de fin mai jusqu’à mi-août des fruits qualitatifs et de la même qualité. La variété DELICOT, reconnue pour ses qualités gustatives, se retrouve donc à l’achat du 20 juin dans le Roussillon jusqu’au 20 juillet dans la vallée du Rhône. Les conditions climatiques intéressantes du Roussillon par exemple avec la Tramontane qui sèche les arbres après les pluies lors de la floraison, sont très favorables à la production biologique. »
Variété DELICOT cov, le parfait exemple de qualité gustative et productivité
De très bons techniciens en France
« Nous avons également de très bons techniciens et une prise de conscience forte de la profession pour produire des fruits toujours plus sains, avec moins de traitement. Le contexte pédoclimatique permet entre autres d’avoir un beau blush et des fruits gorgés de sucre, dans une année normale. Par ailleurs, nous avons pris conscience en France de cet équilibre entre qualité et productivité. Une bonne variété va produire 25 – 30 tonnes d’abricots à l’hectare. Si on augmente la productivité par arbre, on va diminuer la qualité gustative des fruits. Les producteurs que je visite en ont tous pris conscience et savent que les critères de récolte en fonction des pays ne sont pas les mêmes. Les variétés précoces d’abricot en Espagne sont récoltées avec des taux de sucre faible par rapport à ceux de saison, par exemple l’abricot Label Rouge en France ne se récolte qu’à un taux de sucre supérieur à 13° Brix ».
A propos de COT International
est une société de recherche et d’édition de nouvelles variétés fruitières d’abricots, cerises et prunes. Basée dans le sud de la France, à côté de Nîmes (Gard), elle est présente dans plus de 15 pays à travers le monde. Son objectif est de travailler essentiellement pour les arboriculteurs, afin de mettre à leur disposition des variétés présentant à la fois des caractéristiques agronomiques intéressantes, adaptées à leur exploitation et avec un fort potentiel commercial ce qui permet une rentabilité maximale en vergers. Avec bientôt 30 ans d’existence, la qualité gustative et la satisfaction des consommateurs sont les piliers du développement présent et futur de l’entreprise.
Pour plus d’informations :
Pascal Bassols
COT International
Mas de la Condamine, Chemin de l’abricot
30230 Bouillargues
Tél. : +33-6-08-27-38-82
[email protected]
www.cot-international.eu