Le Symposium international sur la Noix et la Noix de Pécan s’est tenu cette année à Grenoble du 12 au 16 juin. Ce rendez-vous incontournable a rassemblé toute la sphère scientifique du monde entier ainsi que les professionnels de la filière nucicole qui ont pu pour la première fois assister à un salon qui leur était dédié. Les trois premiers jours furent alors consacrés à des exposés de scientifiques venus présenter les derniers résultats de leurs travaux sur la génétique, le matériel végétal, la production de plants, les maladies et ravageurs ou encore la gestion post-récolte. Une journée technique sur le terrain vint clôturer cette semaine, où les congressistes furent invités sur différents sites expérimentaux et chez des pépiniéristes et coopératives. Le salon professionnel a quant à lui rassemblé des exposants de tous bords (du machinisme agricole jusqu’aux dernières technologies utilisant de matériel de pointe comme les drones), ouverts gratuitement aux professionnels de la filière et auquel les congressistes avaient accès. « L’idée à travers ce salon fut de mélanger ces deux communautés pour qu’elles puissent se rencontrer et échanger », précise Fabrice Lheureux, ingénieur de recherche au CTIFL, coordinateur des expérimentations menées en Noix au niveau national.
L'amphithéâtre du Symposium - crédit : Olivier Parent
Fabrice Lheureux - crédit : Olivier Parent
Le changement climatique au cœur des études scientifiques
Au cours de ce symposium quadriennal, force fut de constater que la thématique du changement climatique fut particulièrement mise en avant dans les exposés scientifiques : « Nous avons vraiment vu un virage qui se prenait par rapport à ces problématiques notamment avec des travaux qui s’attardent de plus en plus sur le comportement du matériel végétal et tout particulièrement les porte-greffes vis-à-vis des nouvelles contraintes environnementales qui n’avaient pas été traités les années précédentes. Un certain nombre de chercheurs ont présenté leurs résultats autour du stress hydrique, des maladies de sol, de la biodiversité des sols, de l’utilisation de champignons pour lutter contre certaines maladies ou pour aider l’arbre à traverser un stress abiotique etc. D’autres systèmes de culture furent également abordés comme l’agroforesterie mais aussi les différentes techniques pour améliorer la qualité, l’identification et la traçabilité du fruit. Les nouveaux moyens de lutte et de biocontrôle contre les ravageurs comme l’utilisation de bactériophages ou d’insectes stériles furent également de nombreuses fois abordés cette année. Ces nouvelles tendances induites par le réchauffement climatique ont été fortement prises en considération par la communauté scientifique qui commence à apporter quelques pistes de réflexion et orientations à la filière pour trouver des solutions ».
crédit : Olivier Parent
crédit : Olivier Parent
La production de noix de pécan intéresse de plus en plus les nuciculteurs français
Autre point fort du Symposium, la présence beaucoup plus marquée de la noix de pécan dans le paysage nucicole français. « Il a clairement été mis en évidence pendant cette semaine que la noix de pécan en France apparaît comme une nouvelle culture qui pourrait permettre une diversification dans les exploitations agricoles. Des essais sont en cours, plusieurs variétés sont évaluées pour apporter des informations aux producteurs désireux de se diriger vers cette culture, plus tolérante par rapport aux fortes chaleurs que le noyer. Il s’agit vraiment d’un autre débouché intéressant car la noix de pécan se cultive de la même manière que la noix. Les nuciculteurs n’ont alors pas à faire un gros investissement pour se lancer dans la culture, puisqu’elle a le même comportement. Cette adaptation facile couplée à un marché intéressant du fait d’une offre nationale encore trop faible face à une demande de plus en plus conséquente en fait une option intéressante pour les producteurs ».
crédit : Olivier Parent
crédit : Olivier Parent
Repenser la production de noix en France
Une diversification qui vaut la peine d’être étudiée dans un contexte où la noix française traverse une période difficile : « Cette année a été particulièrement compliquée pour la filière nucicole française. La concurrence étrangère est de plus en plus soutenue ce qui rend le commerce très difficile. Ce constat fut encore plus marqué cette année, ce qui a beaucoup affecté les producteurs qui ont encore du mal à digérer cette campagne. Mais peu à peu la filière va se restructurer, se mobiliser et des solutions vont être trouvées. Les producteurs vont se relever et à ce moment-là, les équipes de recherche seront à leurs côtés pour les aider à repenser la production de noix en France ».
Pour plus d’informations :
Fabrice Lheureux
CTIFL – Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes
[email protected]