La fin de l’été arrive et avec elle, la fin des fruits à noyau. L’heure pour l’AOP Pêches et Abricots de tirer le bilan de cette campagne quelque peu « particulière ». Si 2023 s’avère « assez satisfaisante » pour la pêche nectarine, le constat pour l’abricot reste plus « mitigé ».
Un bilan « mitigé » pour les abricots
En début de saison, de nombreux orages de grêle ont touché des exploitations dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et la Drôme, mais ces pertes ont été largement compensées, en France, par un rendement « boosté » par les conditions météorologiques de la fin du printemps. Les chiffres devront être confirmés, mais les volumes cueillis ont été supérieurs de près de 25 % à ceux de l’an dernier. (Les prévisions de récolte pour la France s’établissaient à 125 000 T à la fin avril). Si les pluies de mai ont sauvé une partie des récoltes, « elles auront tout de même fragilisé les fruits de première partie de saison. Il a fallu attendre la fin du mois de juin pour retrouver une production plus satisfaisante, car le marché s’est ouvert dans des conditions techniques compliquées, avec des fruits de qualité très hétérogènes et des impacts de grêle nombreux. »
Pour rappel l’estimation de récolte européenne s’établissait à 500 000 tonnes, en léger déficit par rapport au potentiel en raison des pertes subies en Émilie-Romagne. L’Espagne et la France ont maintenu leur potentiel, car le spectre de la sécheresse a été écarté par les pluies du mois de mai
Côté marché, « le pic de production » entre la fin juin et la mi-juillet a été « difficilement absorbé ». En cause ? Une « concurrence espagnole féroce » et une conjoncture compliquée : faiblesse du pouvoir d’achat, violences urbaines, et la dégradation de la météo. La filière, producteurs comme distributeurs, a donc décidé « d’unir ses forces » pour dynamiser les ventes et « assainir le marché ». De nombreuses opérations de promotion ont été mises en place « avec des concessions de prix importantes consenties par les producteurs, les centrales d’achat et de nombreux points de vente ».
C’est aussi deux annonces publicitaires dans « Les Echos » – « Le Parisien » et « Aujourd’hui en France » attirant l’attention sur le partenariat entre les acteurs de la filière qui a poussé les distributeurs à mettre en avant l’origine France « à des prix attractifs pour le consommateur qui ont permis de booster les ventes. Une campagne de communication a été également organisée par Interfel pour inciter à la consommation, dans le moment de crise aigüe. Cette mobilisation générale a permis de diminuer rapidement les stocks qui devenaient inquiétants à ce moment-là », explique Raphaël Martinez.
L’AOP Pêche-abricot poursuit son « Plan qualité abricot » lancé an 2019 avec 2 axes : les listes variétales qui aident les producteurs à choisir les obtentions à haut potentiel gustatif et l’indicateur qualité abricot qui permet de déterminer le potentiel qualitatif des lots lors de leur conditionnement en station d’expédition. Un travail nécessaire car « lorsque la qualité de nos fruits est irrégulière, le recrutement de nouveaux consommateurs et les actes de ré-achat sont difficiles ».
Un « bilan assez satisfaisant » pour les pêches et nectarines
La pêche nectarine, elle, a peu souffert de problèmes de qualité cette année. « La saison commençant plus tard qu’en abricot, elle a moins subi les intempéries au moment des récoltes ». Grâce à un « ensoleillement régulier », le produit a pu bénéficier d’une qualité régulière et de bon niveau. « Seuls les orages de la mi-août, consécutifs à un épisode de canicule, ont fragilisé les fruits pendant 2 semaines, en fin de saison. »
A l’instar de l’abricot, les pluies du mois de mai ont mis fin aux incertitudes pour cause de sécheresse annoncée au medFEL. Avec un niveau de production normal en Espagne, l’offre européenne a probablement dépassé les 2 600 000 tonnes, soit près de 300 000 tonnes de plus que l’an dernier
Si le marché de la pêche nectarine était cette année tendu, il n’a pas « craqué ». Malgré un contexte économique difficile et une météo défavorable à la consommation dans la moitié nord et l’ouest, le marché est « resté proche de l’équilibre ». « Un véritable exploit ! Depuis le début de la saison, des volumes importants de pêches espagnoles, souvent plates, sont venues concurrencer nos productions. Pour autant, malgré des tensions importantes, un écoulement régulier s’est maintenu, et le retour du beau temps a installé jusqu’à ces derniers jours un marché très demandeur ».
La production française de fruits plats devrait progresser
Parce que la pêche plate espagnole « limite toujours notre part du rayon de manière significative » et que la demande pour ce segment en France est forte, la production française devrait progressivement augmenter. Si certains producteurs se sont déjà lancés (la France en produit aujourd’hui 5 000 T) d’autres pourraient emboîter le pas. Seul bémol ? Le coût de revient de la production hexagonale supérieur aux fruits ibériques. « La production française ne pourra concurrencer la pêche plate espagnole que de façon ponctuelle car en plus de son positionnement prix bas et de ses qualités gustatives, l’Espagne produits des volumes conséquents. Et il n’est pas évident que les enseignes remplacent un produit d’appel par un produit français forcément plus cher, mais nous ferons valoir l’intérêt d’image sur l’origine, le respect de l’environnement et la séquestration du carbone dans nos vergers. »
Nouveauté attendue pour la fin d’année 2023 : les pêches plates espagnoles seront comptabilisées à part. « Jusqu’à maintenant les fruits plats n’étaient pas différenciés des fruits ronds. Désormais nous pourrons savoir combien nous en importons chaque année ».
Pour plus d’informations :
Raphaël Martinez
AOP Pêches et Abricots de France
Tél. : +33 (0)6 09 98 38 09
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