Le marché de l’ananas subit actuellement « une double dynamique », selon Robert Blanjoue, Chef de produit chez Dole France, producteur et spécialiste dans l’importation et la distribution de produits de contre-saison. Car si le marché français est « enfin devenu demandeur à l’unisson avec le Nord de l’Europe, le mouvement de contestation agricole complique grandement les approvisionnements ».
Le marché de l’ananas est globalement « très dynamique » en raison notamment d’une raréfaction du produit. Car pour éviter un engorgement en Europe comme durant le dernier semestre 2023, l’interprofession du Costa Rica a décidé de réduire les volumes sortants en privilégiant le marché Nord Américain
« La logistique à destination du sud rencontre des difficultés »
Après un démarrage de campagne 2024 qui s’annonçait « porteur » du fait de volumes « annoncés déficitaires, nous espérions une embellie après Noël... Au second semestre 2023, pendant lequel la filière ananas a été fortement malmenée, a enfin succédé une amélioration en semaine 5 : le marché français est demandeur et plutôt bien orienté ».
Seul hic ? La logistique « qui ne suit pas ». Car « le marché français subit de plein fouet les conséquences des manifestations des agriculteurs ».
En amont, si les filiales approvisionnées par la méditerranée sont moins concernées, pour les marchandises arrivant par le Nord à destination du Sud « c’est très compliqué ». Comme le rappelle Robert Blanjoue, « 95 % des réception d’ananas se font sur les ports d’Europe du Nord » et notamment celui d’Anvers, « mais des agriculteurs belges ont rejoint le mouvement pour montrer leur solidarité envers les français, retardant les enlèvements depuis les ports ». En aval , ces difficultés de transport génèrent là aussi une situation qui pourrait donc compromettre la fluidité des prochaines semaines. « Nous n’avons aucune visibilité à court terme, d’autant que s’il y a désaffection pour les produits d’import, nous serons les premiers touchés. Mais si la situation se rétablit, les trois prochains mois devraient nous être très favorables, les volumes d’ananas en provenance d’Amérique Centrale restant déficitaires ».
« Nous commencions tout juste à répercuter la hausse des prix de revient »
Une situation qui survient « alors même qu’après avoir mis le packaging des ananas en conformité avec la loi Agec, nous commencions tout juste à répercuter cette hausse », précise Robert Blanjoue, faisant référence aux prix de revient. Explosion des coûts du fret (maritime en l’occurrence pour Dole France), des intrants, des emballages ou encore impacts de phénomènes climatiques, sont autant de facteurs qui font « qu’en une paire d’années le marché a dû absorber une hausse de 20 % des coûts ».
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