Le premier trimestre de l'année a été marqué par la difficulté de la fin de saison au Pérou, l'un des principaux fournisseurs de mangues, entraînant des pénuries sur de nombreux marchés. Certains marchés européens ont enregistré des prix records par boîte et par kilogramme. Cette chute massive des volumes est due au phénomène El Niño, qui a provoqué un temps plus chaud et plus sec, réduisant la floraison et la nouaison des fruits et entraînant une baisse substantielle des volumes exportés par le Pérou. Le Brésil est intervenu pour combler ce vide en détournant l'offre du marché local vers l'exportation, en particulier en Europe, afin de répondre à la demande accrue et de profiter pleinement des prix élevés. En Amérique du Nord, l'offre est inférieure à celle de l'année dernière à la même période. À l'approche du Cinco de Mayo, au début du mois prochain, la demande est soutenue. Le Mexique expédie des produits, provenant principalement du Michoacan. Le Guatemala est entré sur le marché américain tandis que le Nicaragua expédie également d'infimes quantités. La campagne locale de l'Afrique du Sud se termine avec les derniers fruits en provenance de Limpopo. Les exportations de mangues sont terminées, les importations n'ont pas encore commencé. En Chine, les prix des mangues ont chuté de 17,83 % et 18,22 % en janvier et février respectivement. Le temps anormalement chaud a accéléré le processus de maturation, entraînant une récolte plus précoce que d'habitude. Les producteurs ont été contraints de vendre les produits rapidement, provoquant de nouvelles baisses de prix. Fin mai, les mangues Pingtung de Taïwan ont atteint leur pic de production. Une nouvelle chaîne du froid permet à Taïwan de réduire de 20 % les pertes pour les exportations à destination de Hong Kong, du Japon et de la Corée du Sud.
L'incertitude reste immense en Espagne, principal pays producteur de mangues en Europe, malgré une amélioration de la situation hydrique due à des pluies plus abondantes que l'an dernier. Un producteur a fait remarquer : « Il est délicat de se risquer à faire des prévisions ; ce n'est qu'au cours de l'été que nous pourrons répondre à ces inconnues... » En Allemagne, l'offre est limitée et les prix augmentent fortement. En raison de l'offre réduite, les prix ont atteint 50 € par boîte. En Italie, les prix de gros ont atteint des niveaux record, avec des pointes de 9-10 €/kg au cours de la semaine 17. Aux Pays-Bas, les mangues Palmer brésiliennes sont au centre de l'attention après les pénuries de mangues péruviennes. Les premières mangues Kent d'Afrique de l'Ouest commencent lentement à arriver sur le marché.
Pérou : production d'oranges destinées principalement au marché local
La saison des mangues au Pérou s'est terminée de manière décevante, seules quelques entreprises expédiant encore des produits. Un exportateur a déclaré : « Ces dernières mangues sont envoyées avec des normes esthétiques de qualités médiocres, mais les clients en Europe les acceptent ou sont flexibles tant que le produit peut être envoyé. Mais ce mois-ci, tout sera terminé. Nous espérons que la nouvelle saison 2024/25 offrira plus de produits que la saison qui se termine. »
« Cette saison a été atypique en raison de l'absence d'hiver ou de froid. Par conséquent, les mangues n'ont pas été nombreuses et les prix ont été élevés. La saison se termine avec un ou deux mois d'avance, contrairement aux années précédentes », note l'exportateur.
Un autre exportateur a déclaré que la baisse de 80 % de la production de mangues Kent a affecté près de 200 000 personnes travaillant dans l'industrie péruvienne. En raison du manque de production et donc d'exportations, de nombreuses entreprises de la filière n'ont tout simplement pas pu fonctionner.
Les producteurs espèrent que l'hiver péruvien sera normal cette année, favorisant non seulement les mangues, mais aussi de nombreux produits agricoles dont les rendements devraient augmenter.
Brésil : approvisionnement exceptionnel pour répondre à une demande massive
Les producteurs et exportateurs brésiliens ont augmenté leur offre de mangues, en particulier vers l'Europe, où la demande était massive en raison de la faible disponibilité de mangues en provenance du Pérou. Les mangues qui sont habituellement destinées au marché local entre janvier et mars ont été réorientées vers l'exportation afin de profiter des prix avantageux. Les variétés de mangues Palmer et Tommy ont été particulièrement appréciées avec des prix élevés payés par les Pays-Bas et l'Espagne.
Ces résultats remarquables en termes de hausse des exportations au cours du premier trimestre 2024 font suite à une saison d'exportation de mangues record en 2023, l'industrie brésilienne de la mangue ayant atteint des recettes de 315 millions de dollars, soit 15 % de plus que la saison 2022, avec environ 266 000 tonnes. Le Brésil a la capacité de produire et d'exporter des mangues tout au long de l'année. La région de Vale do São Francisco, dans le nord-est du Brésil, représente plus de 90 % de la production, l'État de Bahia 47,36 % et l'État de Pernambuco 45,42 %.
Amérique du Nord : changements à venir dans l'offre de mangues en Amérique du Nord
Les mangues continuent d'arriver à un rythme régulier, bien que certaines tailles soient rares et que les fruits soient également déficitaires à l'approche de Cinco de Mayo. L'année dernière, à la même époque, l'offre était plus abondante. L'absence de chevauchement avec le Pérou cette saison a été perceptible sur le marché.
Les mangues sont expédiées du Mexique, principalement du Michoacan, jusqu'à la fin du mois de septembre. Les conditions de croissance ont été satisfaisantes, bien que l'humidité due aux pluies récentes soit moins importante, si bien que les fruits ne sont pas charnus et que les petits fruits dominent.
Parallèlement, Oaxaca, au Mexique, se trouve probablement dans sa deuxième ou dans troisième période de floraison ; il n'y a donc pas beaucoup de fruits disponibles. Le Guatemala est également entré sur le marché tout comme le Nicaragua qui expédie également une quantité minime de fruits.
En ce qui concerne les variétés, les Haden, les Tommy et les Ataulfos sont disponibles dès à présent tandis que les Kent commenceront sous peu. Quant à la demande, elle est extrêmement vigoureuse à l'approche du Cinco de Mayo, le mois prochain. Les producteurs et les expéditeurs espèrent qu'elle se maintiendra tout au long de la saison. Tout cela fait que les prix des mangues restent stables, bien qu'ils soient en train de se renforcer.
Afrique du Sud : fin de la campagne locale
La saison des mangues locales touche à sa fin avec les derniers fruits provenant du Limpopo ; les dernières mangues cultivées dans le Western Cape ont été chargées pour le marché de gros de Gauteng la semaine dernière, mais certains détaillants stockent encore des mangues du Cap.
Les importations de mangues n'ont pas encore commencé. Les détaillants s'efforcent d'assurer un approvisionnement tout au long de l'année en mangues dans la région grâce à des plantations dans les pays voisins.
Sur le marché des produits frais de Johannesburg, les mangues de petite taille se vendent à 100 rands (4,8 €) le carton de 4 kg, tandis que les mangues de taille plus conséquente se vendent à 150 rands (7,3 €) le carton de 4 kg. Malgré ces prix élevés, les mangues sont rapidement écoulées, une poignée de palettes arrivant tous les deux jours sur le marché à ce stade avancé de la saison.
Les exportations de mangues sont terminées : celles-ci ont été affectées par les mêmes problèmes dans le port du Cap que ceux rencontrés par le raisin, mais la baisse des volumes en provenance du Pérou a créé un appel d'air en provenance d'Europe et du Royaume-Uni pour compenser, dans une certaine mesure, les problèmes de qualité causés par les retards logistiques.
Chine : les prix médians des mangues ont chuté de manière significative
Au cours des premiers mois de 2024, les prix des mangues ont connu un déclin continu, cette tendance à la baisse s'intensifiant chaque mois. Hainan, la principale région productrice de mangues, occupe une position centrale, suivie par Guangxi. Les mangues de Hainan sont généralement mises sur le marché plus tôt que celles du Guangxi en raison des différences de temps de maturation. Au cours du premier trimestre, les températures exceptionnellement élevées ont accéléré ce processus de maturation, conduisant à une récolte plus précoce qu'à l'accoutumée. Par conséquent, les producteurs de fruits ont eu à faire face à une pression accrue sur les ventes, les incitant à proposer leurs produits à des prix inférieurs. De ce fait, les prix des mangues sont restés inférieurs à ceux de l'année précédente au cours de la même période.
Plus précisément, les prix des mangues ont chuté de 17,83 % et 18,22 % en janvier et février, respectivement. En mars, l'afflux de mangues en provenance du Guangxi a encore renforcé l'offre sur le marché, entraînant une chute supplémentaire des prix de 29,22 %.
En ce qui concerne les variétés clés, les mangues Shuixian et Xiaotainong ont connu des baisses de prix constantes en glissement annuel, la trajectoire descendante s'aggravant continuellement. En mars, l'augmentation des quantités de fruits mûrs a accentué les pressions sur les ventes par rapport à l'année précédente, entraînant de nouvelles réductions de prix pour ces variétés. Les baisses de prix en glissement annuel pour les mangues Xiaotainong et Shuixian ont atteint respectivement 24,08 % et 34,77 %.
Fin mai, les mangues Pingtung de Taïwan entrent dans leur période de production maximale. Dans les nouvelles installations de collecte et de conditionnement de la chaîne du froid de la coopérative de production de Pengquan, dans le canton de Fangliao, les mangues ont été emballées le 16 avril dans des conteneurs pour être exportées vers Hong Kong, en Chine. Su Maoxiang, directeur de l'Agence de l'agriculture et de l'alimentation, a souligné le rôle de la technologie de la chaîne du froid dans l'amélioration de la compétitivité des fruits taïwanais et dans la réduction des pertes dues au transport (jusqu'à 20 %). Les principaux marchés d'exportation visés sont le Japon et la Corée du Sud.
Bangladesh : le brouillard et la chaleur hivernale pourraient entraîner une baisse de 50 % de la production de mangues
La région de Rajshahi, principale zone de production de mangues, pourrait voir sa production de fruits diminuer de 50 % en raison de conditions météorologiques rudes. Le brouillard hivernal, les pluies de mars et la chaleur excessive actuelle endommagent les fleurs des manguiers. Les producteurs doivent également lutter contre les parasites. Tous ces facteurs entraîneront une baisse substantielle de la production qui se traduira par des pertes.
Espagne : les précipitations améliorent la situation hydrique dans la plus grande zone de production de mangues
La sécheresse en Andalousie a été la grande problématique de la campagne subtropicale 2023, réduisant les exportations de mangues de 49 % en volume et de 33 % en valeur entre août et décembre, par rapport à la même période lors de la campagne précédente.
Les importations, pour leur part, ont augmenté de 17,25 % par rapport à 2022, connaissant des hausses notables d'août à novembre, allant même jusqu'à +258 % au mois d'octobre par rapport aux importations du même mois de l'année, selon les chiffres de la FEPEX.
Cette année, après un début marqué par la même inquiétude quant au manque d'eau que celui de 2023, les pluies de mars à Malaga, qui ont permis au réservoir de La Viñuela de passer de 8 % de sa capacité totale à plus de 18,6 %, offrent un scénario incontestablement plus favorable pour la prochaine campagne.
« L'année dernière, les fleurs de la première floraison en février/mars ont été coupées en attendant, comme toujours, les pluies de printemps ; mais on ne s'attendait pas à ce qu'il n'y en ait pas, si bien que la sécheresse a empêché les arbres de fleurir une deuxième fois en avril/mai. Ce fut l'un des facteurs de la production très marginale de l'année dernière. »
« Pour donner un exemple frappant, un fournisseur privé récolte normalement entre 200 et 300 tonnes de mangues. L'année dernière, il n'a obtenu qu'une production symbolique de 9 tonnes. Comme lui, beaucoup d'autres agriculteurs n'ont pas osé ôter la première fleur cette année ; la pluie est arrivée à un moment extrêmement favorable pour les fruits. »
La nouaison dès la première floraison laisse entrevoir la possibilité d'avancer la campagne par rapport aux années où celle-ci avait lieu un mois plus tard. « Il est délicat de se risquer à faire des prévisions. Ce n'est que durant l'été que nous pourrons répondre à ces inconnues. Tout dépendra de la réaction des arbres, car si des fruits sont disponibles, on peut commencer à couper les mangues plus tôt afin d'atténuer également les problèmes de l'arbre. »
Allemagne : offre limitée, hausses massives de prix
La saison des mangues péruviennes touche lentement à sa fin. Compte tenu de l'offre limitée, les prix ont grimpé jusqu'à 50 € par boîte. « Tout le monde est actuellement à la recherche de mangues transportées par avion. Lorsqu'un lot arrive, il se vend parfois en moins de dix minutes. Nous attendons la transition vers le Mexique, le Brésil, Israël et la République Dominicaine. Il faudra probablement attendre encore quelques semaines avant que des quantités plus respectables ne nous parviennent de ces pays producteurs. Les trois ou quatre prochaines semaines de vente seront donc extrêmement difficiles, c'est pourquoi de nouvelles hausses de prix ne sont pas à exclure », déclare un importateur.
Italie : niveaux records des prix de gros
Selon un grossiste du nord de l'Italie, les prix de gros des mangues ont atteint des niveaux record, avec des pointes à 9-10 €/kg au cours de la semaine 17. Il s'agit évidemment ici du produit de haute qualité qui arrive en avion d'Amérique du Sud, avec une escale à Madrid, pour rejoindre ensuite l'Italie par camion. Ce produit de qualité est vendu aux magasins spécialisés, tandis que les supermarchés recherchent un produit moins cher. Le Pérou est à la fin de sa production. Les importations proviennent alors du Mexique et de l'Afrique, notamment de la Côte d'Ivoire et du Sénégal.
« Le Pérou a pratiquement terminé une saison aux quantités limitées : seules les dernières mangues Keitt arrivent encore en avion », ajoute un autre grossiste du nord de l'Italie. « Au cours de la semaine 17, les premiers fruits Kent arriveront en avion de Côte d'Ivoire, suivis par des expéditions par voie maritime. On s'attend alors à des volumes réguliers. En revanche, très peu de produits arrivent du Brésil par voie maritime, et ils sont de mauvaise qualité, en raison des conditions météorologiques instables de ces derniers mois. » En ce qui concerne les prix, le grossiste souligne également que, alors qu'il y a quinze jours, les mangues de différentes variétés transportées par voie maritime affichaient des prix d'achat de 3 à 5 € par colis de 4 kg. « On a aujourd'hui la chance de trouver des colis entre 8 et 9 €. Les fruits les plus recherchés par les supermarchés sont les calibres 9, qui se font rares et atteignent des prix exorbitants. »
Selon GfK Consumer Panel Services, la mangue est l'un des fruits tropicaux les plus répandus dans les foyers italiens. Environ 3,6 millions de ménages en achètent au moins une fois par an. Le canal de distribution qui compte le plus grand nombre de ménages acheteurs est incontestablement le supermarché, qui a perdu des parts au cours de l'année écoulée (jusqu'à fin février 2024) au profit des discounters.
Pays-Bas : les mangues Palmer brésiliennes à l'honneur après la pénurie de mangues péruviennes
L'offre restreinte de mangues du Pérou cette année a entraîné une réelle demande de mangues Palmer du Brésil, déclare un importateur néerlandais. « La variété Palmer a toujours été quelque peu négligée, mais en raison des pénuries sur le marché, elle a retrouvé sa place. » Actuellement, selon le négociant, l'offre de mangues est encore restreinte. « Les premières mangues Kent d'Afrique de l'Ouest arrivent progressivement sur le marché, mais les pénuries sont nombreuses partout. Les gros calibres sont un peu plus facilement trouvables sur le marché, mais les petits calibres font l'objet d'une pénurie importante. Toutefois, je m'attends à ce que l'offre sur le marché soit un peu plus importante dans les semaines à venir. »
Thème de la semaine prochaine : les myrtilles