Des températures anormalement basses en Afrique du Sud - jusqu'à -6° juste avant le lever du jour dans certaines parties du Bushveld - ont laissé des champs de légumes effondrés et même des vergers d'agrumes et des bulbes d'oignons gelés dans de vastes zones de la province de Limpopo. Les vergers et les champs situés en basse altitude dans la vallée du fleuve Limpopo ont subi de lourdes pertes.
Sirkel-N-Landgoed à Baltimore, dans le nord-ouest du Limpopo, montre les dégâts causés par le froid à ses cultures, y compris les agrumes (source : Facebook).
Des agriculteurs désemparés
Deidré Carter, directeur général du groupe de pression agricole pour la région, AgriLimpopo, qualifie de "catastrophiques" les dégâts causés aux cultures maraîchères : "Nous avons été en contact avec de nombreux agriculteurs qui sont absolument désemparés. Les producteurs de pommes de terre, de tomates, de poivrons, d'avocats, d'agrumes, de baies, de macadamias et d'autres cultures de rapport ont signalé des pertes importantes dues à la vague de froid sans précédent, ce qui fait craindre une réduction substantielle de la disponibilité de ces produits de base essentiels.
Une perte sur la culture de pommes de terre s'élevant à R470 millions (près de 24 millions d'euros) est mentionnée ; Potatoes South Africa est encore occupée à recenser l'étendue des dégâts. "D'après les chiffres dont nous disposons à ce stade, l'équivalent de 2 840 hectares a été touché par le gel", indique FP Coetzee, responsable de l'information au sein de l'organisation de l'industrie de la pomme de terre. "Les pertes sont estimées à 32 % de la récolte, ce qui représente quatre millions de sacs [10 kg]. Pour mettre cela en perspective, en 2023, au niveau national, 8 millions de sacs en dessous de la moyenne à long terme ont été récoltés. Les dégâts actuels causés par le gel représentent 50 % de ce chiffre.
M. Coetzee indique qu'une augmentation potentielle de l'offre de pommes de terre plus petites à court terme pourrait exercer une pression sur les marchés, avec un écart d'environ six semaines dans les volumes. "Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l'étendue réelle des dégâts ; certaines pommes de terre pourraient encore se rétablir. En outre, on s'attend à ce que le froid ne soit pas terminé, ce qui aurait un impact sur la récupération des pommes de terre endommagées".
Pertes de tomates dues au pire froid que le Limpopo ait connu depuis des décennies (source : Sirkel-N-Landgoed Facebook)
Au nord du Soutpansberg, le maraîcher Thinus Venter de Janlouis Boerdery pense avoir été relativement chanceux. Environ 50 % de ses parcelles ont été perdues à cause des gelées nocturnes répétées, mais il a parlé à des collègues du secteur agricole qui ont perdu 80 à 100 % de leurs récoltes.
"Depuis 24 ans que nous sommes dans l'exploitation, c'est certainement la période la plus froide que j'aie jamais connue", déclare M. Venter. Il exploite une ferme au nord de la chaîne de montagnes du Soutpansberg, près du Botswana. "Dimanche soir, nous avons eu beaucoup de dégâts, puis mardi matin et mercredi matin, nous avons eu du gel - d'habitude, nous n'avons qu'un seul matin de gel par an. Il est tout à fait inhabituel d'avoir du gel pendant cinq ou six jours consécutifs".
L'effondrement de l'offre entraînera une flambée des prix des légumes
Les dégâts causés sont "astronomiques", selon M. Venter. "Les légumes, et en particulier les pommes de terre, seront inabordables d'ici la fin du mois.
À droite : tomates décimées par le froid (source : AgriLimpopo)
Jan Potgieter, agent du marché des produits frais de Johannesburg, du GROW Group, est du même avis. "Cet hiver, vous pouvez vous préparer à des prix de légumes très élevés. Les prix des tomates commenceront à grimper dans deux ou trois semaines, lorsque les fruits récoltables après cette gelée auront été calculés.
Ses prévisions d'un prix de 200 rands (10,2 euros) par sac de 10 kg de pommes de terre sont partagées par d'autres acteurs du secteur. Hier matin, un sac de 10 kg de pommes de terre se vendait encore dans tout le pays à 60,63 rands (3,09 euros).
Les tomates provenant de l'Onderberg dans la province de Mpumalanga, des hautes terres derrière le Soutpansberg dans le Limpopo, ainsi que les tomates cultivées le long de la rivière Orange dans le Northern Cape et cultivées dans des tunnels à East London (Eastern Cape) devront répondre aux exigences de l'ensemble du pays.
Des légumes congelés", c'est ainsi que Rothmann Boerdery a étiqueté cette photo d'un champ d'épinards lundi matin (source : Facebook).
Certaines gammes de légumes seront immédiatement touchées : épinards, haricots, jeunes pousses, tandis que l'impact du froid sur les citrouilles, les tomates et les pommes de terre deviendra tangible dans quelques semaines.