Le marché de la tomate se réjouit de l'essor des variétés résistantes au virus ToBRFV, mais reconnaît les difficultés qui en découlent, telles que des rendements plus faibles et une saveur moins prononcée.
À l'heure actuelle, on estime qu'environ 160 variétés sont commercialement disponibles ou le deviennent rapidement, et ce nombre augmente de jour en jour. Les experts s'attendent à ce que le nombre d'options triple au cours de l'année à venir, et dans deux ans, on s'attend à ce que 80 à 90 % de la gamme de variétés soit résistante.
Pour l'instant, le problème est que le goût et la production restent (parfois) décevants. C'est ce qui ressort des comptes rendus et des présentations des conférences européennes sur la tomate qui ont eu lieu fin juin et qui ont également porté sur les cycles de culture à venir.
Moins productive
Lors de la réunion d'experts de la Commission européenne, les experts ont partagé leurs expériences concernant les variétés résistantes sur leurs marchés. Aux Pays-Bas, ils estiment à 7 % la perte de production des variétés résistantes aux HR ou IR. En Belgique aussi, on parle de production moindre pour ces variétés, sans toutefois donner de chiffres précis.
Hors Benelux, les producteurs signalent également que les tomates issues de variétés résistantes ont moins de goût. L'un des avantages de la culture de variétés résistantes est qu'il est moins fréquent d'être contraint d'arrêter une culture en cours, selon la source belge.
Le nombre de producteurs cultivant des variétés résistantes est important dans le Benelux. En Belgique, on estime qu'une majorité des producteurs optent pour des variétés résistantes cette année.
Aux Pays-Bas, où la moitié des producteurs ayant une production estivale ont souffert de la ToBRFV et sont passés à des plus gros segments et/ou à des variétés résistantes, la moitié des producteurs sont passés à des variétés résistantes.
La conséquence du passage à des variétés résistantes est souvent une diminution de la saveur des tomates, bien que des améliorations soient apportées, aussi dans le segment des spécialités. Ce dernier point a également été abordé lors du Global Tomato Congress qui s'est tenu ce printemps. Après la panique initiale causée par le virus ToBRFV et le besoin urgent de variétés résistances, la place se fait maintenant pour d'autres caractéristiques variétales.
En France, on estime que 20 % de la superficie est cultivée avec des variétés résistantes. En Espagne et Italie, aucune estimation des surfaces cultivées avec des variétés résistantes n'a pour l'instant été faite.
Prévisions concernant les cultures d'hiver
Des prévisions ont également été partagées pour la culture de tomates au cours de la prochaine saison hivernale. Les Pays-Bas tablent sur une superficie de 600 hectares avec éclairage LED. L'hiver prochain, l'éclairage classique avec des lampes est exclu en raison de la crise de l'énergie. Dans la culture d'hiver éclairée, les producteurs ne choisissent que des variétés résistantes, alors qu'en été, seule la moitié d'entre elles le sont.
Pour parvenir à une production tout au long de l'année, il faut également noter que les organisations de commercialisation néerlandaises recherchent avec les producteurs une production en dehors des Pays-Bas afin de cultiver à proximité des consommateurs locaux. La Pologne, la Hongrie, la Tunisie et le Maroc sont cités à cet effet.
Les chiffres relatifs à la superficie éclairée prévue en Belgique sont encore incertains. En revanche, des chiffres sur la superficie totale consacrée aux tomates en Belgique sont cités. Elle couvrirait 610 hectares et resterait stable, bien qu'il y ait des inquiétudes concernant les producteurs vieillissants qui n'ont pas de successeur. Au total, la Belgique compte environ 180 producteurs.
En Espagne, les producteurs comptent sur une diminution de 10 % des tomates rondes pour la saison d'hiver 2024-2025 par rapport à la saison d'hiver précédente. Le tonnage devrait légèrement diminuer par rapport à l'hiver dernier, soit 1.233.512 tonnes contre 1.265.141 tonnes en 2023-2024. Alors que la culture biologique augmente de 2 % pour atteindre 14 %, la culture conventionnelle de tomates devrait diminuer de 3 % pour atteindre 86 % l'hiver prochain. On cultivera un peu plus de tomates en grappe, soit 26 % de la superficie totale de 13.983 hectares et une hausse de 1 %, et un peu moins de tomates rondes en vrac, soit 27 % et une baisse de 2 %.
L'Espagne souligne la concurrence croissante du Maroc et de la Turquie. L'augmentation des coûts de production constitue un autre défi, outre le ToBRFV qui serait 'sous contrôle'. En mars 2024, le prix le plus élevé a atteint 54 centimes d'€/kg, soit une hausse de 34 % par rapport à juin 2021.