The Shift project, le Think Thank, présidé et co-fondé par Jean-Marc Jancovici (par le polytechnicien et professeur à Mines Paris Tech mais également auteur de nombreux articles de vulgarisation sur l'énergie et le changement climatique) qui œuvre en faveur de la décarbonation de l'économie, s'intéresse depuis peu à l'agriculture. Présentation de l'association, son fonctionnement et ses objectifs et son récent projet sur la décarbonation du secteur agricole. 
Photo d'illustration © Dreamstime
The Shift Project : Quésaco et comment ça fonctionne ?
Créé en 2010, The Shift Project est un groupe de réflexion (association loi 1901 d'intérêt général) qui œuvre à la décarbonation de l'économie. Sa mission ? Eclairer et influencer le débat sur la transition énergétique et climatique. « Nous produisons des rapports à l'aide de groupe de travail (concertation avec les parties prenantes) pour proposer des analyses robustes et chiffrées et ensuite promouvoir nos résultats auprès des acteurs compétents au travers d'évènements et de consultations », explique Clémence Vorreux, Coordinatrice Agriculture pour The Shift Project, qui travaille « sur des sujets très variés et pour lesquels nous essayons d'identifier ceux n'étant pas assez traité sur la question des enjeux de transition énergétique et climatique ».
Pour chaque secteur, le Shift Project élabore des propositions et cherche ensuite « quelqu'un, au sein de ce secteur, intéressé par la décarbonation de son secteur ». Le travail mené doit ensuite aboutir à des recommandations « aussi concrètes que possible adressées à tous les acteurs pertinents, du niveau local au niveau européen ».
Pourquoi l'agriculture ?
Si le projet et l'ambition du think thank touchent tous les domaines (transports, bâtiment, industrie ou encore numérique), il s'intéresse depuis 1 an à l'agriculture. Un secteur « monstrueusement compliqué car il fait partie des secteurs les plus complexes » selon Jean Marc Jancovici mais qui mérite qu'on s'y intéresse car « manger est indispensable et si on ne mange pas bien il y a des répercussions sur qualité de nos vies et sur l'économie ». Et la principale problématique de ce secteur pour son président c'est que « le domaine agricole doit aujourd'hui marier trois contraires : produire beaucoup, produire pas cher et produire en respectant l'environnement ».
Le projet Agriculture du Shift Project a été lancé en 2023 avec quatre objectifs : réaliser une évaluation quantitative des contraintes physiques actuelles et futures auxquelles est confronté le secteur agricole ; établir un dialogue « constructif » avec et entre les acteurs du monde agricole (collaboration avec acteurs de la recherche ; organismes professionnels - syndicat, coopératives et interprofessions – organismes de formation ; institutionnels et de la société civile – associations, consommateurs…-) ; proposer des trajectoires 'en faveur d'une agriculture décarbonée et résiliente', et enfin 'produire et porter des messages opérationnels et robustes pour s'engager durablement dans ces trajectoires'.
« Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère » : The Shift Project publie son rapport intermédiaire
La version intermédiaire du rapport « Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère » a été publiée le 6 juin 2024 (la version finale est quant à elle prévue pour le 28 novembre de cette année). Bilan ? « Les dépendances et les vulnérabilités s'accumulent » : dépendance du système agricole aux énergies fossiles ainsi qu'à l'usage de produits phytosanitaires, diversité domestique à la base génétique restreinte ('l'agriculture contemporaine repose sur un nombre restreint de plantes cultivées et de races animales. Les gains de production agricole du XXème siècle ont en effet reposé sur la sélection génétique de plantes cultivées et de races animales les plus productives dans le contexte technique de l'époque mais le revers de la médaille a été l'érosion de la diversité des plantes cultivées et des races animales, dont la base génétique est devenue plus étroite'), et enfin conditions pédoclimatiques nouvelles nécessitant un « besoin d'adaptation rapide ».
Etat des lieux réalisé par le Shift Project dans son rapport : En France les surfaces agricoles sont en diminution constante (la SAU est en contraction constante depuis près d'un siècle), les exploitations agricoles sont moins nombreuses et plus grandes (leur nombre a diminué en moyenne de 2,3 % par an depuis 2010, avec une baisse plus marquée (- 4 % par an) pour les micro-exploitations) et il y aurait un phénomène de céréalisation progressive des espaces cultivés (diminution de la variabilité des espèces cultivées par région : augmentation de la surface consacrée aux grandes cultures au détriment des cultures fourragères et des cultures permanentes de vignes et vergers) / © Dreamstime
Face à ce constat, comment engager une transition agroécologique ? Première condition « les agriculteurs doivent en avoir les moyens », des moyens techniques mais également économiques, et surtout que les agriculteurs y aient un intérêt économique.
Shift Project lance une 'Grande consultation des agriculteurs'
Le Shift Project, en partenariat avec l'association The Shifters lance une grande consultation auprès des agricultrices et des agriculteurs au sujet de l'avenir de l'agriculture française.
« Nous espérons pouvoir faire œuvre utile dans ce domaine et pour cela nous avons besoin de vous car nous ne savons pas au Shift Project travailler autrement qu'en coordination avec les gens qui sont dans les domaines concernés. Donc nous avons besoin que vous acceptiez, de nous consacrer un tout petit peu de votre temps précieux pour répondre à un questionnaire qui nous permettra d'avoir des retours terrain, des retours d'expérience, des avis... bref ! Toutes les contributions qui sont la matière première indispensable pour que nous puissions travailler dans le domaine qui est le votre », explique Jean-Marc Jancovici.
Rapport intermédiaire consultable ici.
Pour plus d'informations :
The Shift Project
43, rue de Liège - 75008 Paris
[email protected]
theshiftproject.org