C'est le pari de Yannick Masmondet, initialement viticulteur dans la région bordelaise. Après une dizaine d'années passées au Maroc où il se découvrit une passion pour l'univers oléicole, c'est à son retour au pays que le viticulteur se heurte à un constat : l'absence complète de filière oléicole industrielle en France. Il décide alors de se lancer le défi ambitieux de développer cette filière oléicole industrielle française et de faire rayonner l'huile d'olive made in France sur la scène internationale avec des marques fortes et reconnues.
Crédit photos : Oil'ive Green
La France importe 95 % de l'huile d'olive qu'elle consomme
« Lorsque l'on regarde les pays du pourtour méditerranéen, tous ont développé leur culture d'oliviers à l'exception de la France. A titre comparatif, l'Espagne compte 2,7 millions d'hectares lorsque la France n'en a que 18 000. Un nombre qui contraste pourtant avec le dynamisme du marché de l'huile d'olive en France, puisque le marché français produit 5000 tonnes alors que la consommation nationale atteint les 130 000 tonnes. Les Français consomment donc 95 % d'huile d'olive en provenance de l'importation ».
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Le réchauffement climatique : une opportunité pour la culture de l'olivier en France
Des données qui ne peuvent que confirmer l'intérêt de développer une filière française d'huile d'olive : « Compte tenu de la superficie agricole de la France, c'est une évidence que nous devons développer la filière. Le changement climatique opère dans notre intérêt à ce niveau-là : il devient de plus en plus difficile de produire en Espagne, cela fait la 8e année consécutive que le pays perd plus de 50 % de la récolte. Le climat en France devient beaucoup plus propice à la culture de l'olivier. Autre opportunité pour notre pays : on observe une baisse de la production mondiale de 2,3 % avec en parallèle une augmentation de 4 % de la consommation. On commence à voir des producteurs étrangers qui viennent pour acheter des terres afin de sécuriser leurs volumes car ils savent qu'à termes, la production baissera encore dans leur pays. A titre d'exemple, le Maroc aurait besoin de sécuriser environ 600 000 ha en dehors de son pays. Nous avons actuellement des oléiculteurs marocains qui veulent investir en France. Certains ont même déjà pris rendez-vous pour venir visiter des exploitations françaises. Les opportunités à ce sujet sont bien présentes, voilà pourquoi il s'agit vraiment pour nous d'un axe prioritaire de travail. Tous les voyants sont donc au vert pour que la France se positionne aujourd'hui sur le marché ».
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Positionner l'huile d'olive française comme un gage de qualité sur les marchés étrangers
Avec ce projet, Yannick Masmondet ne compte pas seulement développer le marché national, mais pénétrer les marchés étrangers et s'ériger aux côtés des plus grand avec une huile de qualité : « Sur les 5 000 tonnes produites en France, 3 000 sont vendues en local pour alimenter le marché intérieur et seulement 2 000 partent à l'étranger. La représentation internationale de l'huile d'olive française est donc tout à fait marginale. Pour accéder à ces marchés, il faut que nous déployions 80 à 100 000 ha d'oliviers. Notre objectif aujourd'hui est de produire de l'huile d'olive avec la qualité que l'on reconnait au made in France à destination des marché étrangers à hauteur de 70 %. Ce sera également une belle façon de faire rayonner la France sur la scène mondiale ».
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Un projet qui suscite de plus en plus d'intérêt de la part des producteurs français
Pour atteindre cet objectif, Yannick Masmondet et son épouse créent alors en 2022 la société Oil'ive Green, composée aujourd'hui de 8 associés aux corps d'activité complémentaires : « Pour développer la culture en France, nous faisons beaucoup d'animation et de réunions auprès des professionnels du monde agricole. Nous avons également créé l'association Olive Avenir présente sur 13 départements puisque l'on plante du Nord de la Charente en passant par la Nouvelle Aquitaine, l'Occitanie, la région PACA et la Vallée du Rhône. Après deux années de labeur, nous sentons que les choses commencent à se mettre en place. Nous avons réussi à susciter l'intérêt des agriculteurs français, des élus, des maires des communes etc., en témoignent les 150 à 200 demandes d'informations que nous recevons par semaine ».
Crédit photos : Oil'ive Green
Une culture qui promet valorisation et sécurité
Si la culture de l'olive intéresse tant les agriculteurs français, c'est qu'elle représente une belle opportunité en termes de diversification et de valorisation : « En plantant des hectares d'oliviers, l'objectif est de diversifier et de consolider la structure des exploitations agricoles. Une huile d'olive française de qualité peut apporter une belle valorisation à son producteur. La rentabilité de l'olive est nettement supérieure à certaines cultures comme les vignes ou les céréales. Le marché est porteur et offre une belle capacité à sécuriser les revenus. Sur un verger atteignant les 10 ha, on compte environ 2 000 euros de revenu par hectare. Nous allons même plus loin en termes de sécurisation étant donné que nous garantissons le rachat de l'huile d'olive. Nous aidons également les agriculteurs dans le développement de leur marque, afin de leur permettre de revaloriser en direct leur produit et augmenter leur capacité financière. Sans rentrer en direct en discussion avec la grande distribution, nous allons aborder une autre façon de travailler en local et en B2B, en sécurisant les revenus des agriculteurs grâce à ces marchés étrangers. Nous sommes d'ailleurs aujourd'hui en projection sur des marchés comme le Canada, les Etats-Unis, l'Inde, l'Asie, l'Afrique de l'Ouest, le Moyen-Orient et l'Arabie Saoudite ». La culture de l'olivier offrirait donc aujourd'hui de la sécurité et de belles perspectives de projection dans un contexte agricole trop incertain pour bon nombre de cultures.
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Pour plus d'informations :
Yannick Masmondet
Oil'ive Green
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