Après 8 ans d'absence dans l'Hexagone en raison de la pandémie de Covid, l'événement dédié à la pomme de terre, PotatoEurope est revenu les 11 et 12 septembre à Villiers Saint-Christophe dans les Hauts-de-France (première région productrice de pommes de terre du pays, premier exportateur mondial). Organisé par ARVALIS et soutenu par le CNIPT, le salon a réuni la filière pomme de terre (producteurs, négociants, coopératives, courtiers, transformateurs) pour échanger autour de l'actualité du secteur et suivre derniers travaux de recherche. Ont été notamment abordées les problématiques engendrées par le changement climatique, fil conducteur de cette édition 2024, qui a fait la part belle à l'innovation, dont une qui a particulièrement fait parler d'elle.
Créé il y a plus de 20 ans le Salon PotatoEurope se tient chaque année, à tour de rôle, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Cette année il s'est déroulé les 11 et 12 septembre à Villiers Saint-Christophe dans les Hauts-de-France / © CNIPT
Potato Europe 2024 : un « succès sans précédent »
« Il y beaucoup de monde », se réjouissait Sarah Taleb, chargée de mission, RP et événementiel au CNIPT au deuxième jour du salon. Malgré une météo quelque peu « aléatoire », les allées n'auront pas désempli. Pour preuve l'édition 2024 aura rassemblé plus de 18 000 professionnels participants, « la fréquentation la plus importante de ces 3 dernières années », avec pas moins de 80 nationalités représentées. De la culture au stockage en passant par la récolte, le salon a, cette année, offert une organisation 'exceptionnelle' : 50 ha d'exposition dont 20 dédiés aux démonstrations d'arrachage. Différents ateliers y présentaient des solutions aux enjeux de production, notamment liés au changement climatique, comme la protection des cultures (mildiou par exemple), la gestion de l'eau ou encore le stockage des tubercules. En chiffres l'édition 2024 c'était : 400 entreprises exposantes, plus de 40 experts présents, 50 coopératives et négoces au village du commerce, 5 pôles techniques (protection des cultures, ressources génétiques et innovations variétales stockage et conservation, agronomie et fertilité, outils numériques) et 30 démonstrations dynamiques.
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Lutte contre le changement climatique : la filière pomme de terre investit dans la R&D
Thème principal de cette édition 2024 : le changement climatique. Une question centrale pour les professionnels de la pomme de terre qui doivent aujourd'hui faire face à la sécheresse, aux intempéries, aux canicules… Des conditions de production, de stockage et de commercialisation de plus en plus contraignantes donc. C'est pourquoi le CNIPT avec l'institut de recherche agricole appliquée ARVALIS œuvrent à développer des solutions adaptées aux opérateurs. Pour ce faire, l'interprofession s'appuie sur la Commission de Recherche en Agronomie et Techniques Appliquées (CRATA), qu'il a créée en 2022 et qui réunit tous les maillons de la filière, de la culture à la vente au consommateur. Dotée d'un budget de 1,4 million d'euros par an (financement par le CNIPT et le GIPT) elle finance la recherche et le développement aux côtés d'ARVALIS. Et pour Benjamin Louvrier responsable du pôle Recherche & Développement et qualité au CNIPT, cette première année d'activité de la CRATA « permet déjà de dresser un bilan positif ».
Après un premier programme 2021-2024, cette année la CRATA élabore une feuille de route (un programme de transition sur 2024-2025) pour cibler les actions prioritaires à mener. Puis , la filière pomme de terre souhaite établir une feuille de route dédiée cette fois à la décarbonation : dresser le bilan carbone de la filière (que ce soit en production, au stockage, au lavage, au conditionnement et au transport) puis d'identifier les différents leviers de décarbonation à activer.
L'innovation au cœur du salon
PotatoEurope, c'est aussi la plateforme de l'innovation. Et celle qui a particulièrement retenu l'attention cette année, c'est OptiGERM (développé par Arvalis). Les visiteurs ont ainsi pu découvrir en avant-première cet outil d'aide à la décision à destination des professionnels du stockage et de la conservation qui permet d'orienter et d'optimiser le contrôle de la germination des pommes de terre au stockage. Car la molécule antigerminative, le fameux chlorprophame (CIPC), interdite d'utilisation depuis 2020, a obligé les opérateurs de la filière à s'orienter vers des solutions alternatives. Ce nouvel outil estime le risque de germination (faible, modéré ou fort) en cours de stockage grâce à la prise en compte de divers facteurs renseignés par l'utilisateur : caractéristiques du bâtiment (température...), tonnage, variété des tubercules, traitements déjà effectués, etc. puis fournit des axes d'amélioration 'sur mesure'.
Autre solution dévoilée parmi tant d'autres : un tout nouveau modèle de pilotage de la
fertilisation à l'azote, qui permet de doser au mieux les apports au bon moment et dans
la bonne quantité. Grâce à lui, le producteur se prémunit contre une surfertilisation
néfaste, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et, donc, son impact sur
l'environnement.
La prochaine édition de PotatoEurope aura lieu les 3 et 4 septembre 2025 à Emmeloord aux Pays-Bas.