Après l'amande ou encore la pistache, la noix de Pécan pourrait-elle s'implanter en France ? C'est en tout cas le projet de French Pécan, qui veut développer et structurer une filière tricolore. Si la culture n'en est aujourd'hui qu'à ses prémices, de plus en plus de producteurs semblent s'intéresser à ce petit fruit à coque venu tout droit d'Amérique du Nord. Explications avec Mathieu Duflos, Chef de projets à l'Association Française d'Agroforesterie qui porte le projet French Pécan, en partenariat avec la région Nouvelle-Aquitaine.
Le projet French Pécan est soutenu par l'Union Européenne (FEADER), la Région Nouvelle-Aquitaine et le Département du Lot-et-Garonne / © Association Française d'Agroforesterie
La noix de Pécan : quels atouts ?
Originaire d'Amérique du Nord le pacanier (Carya illinoinensis) dispose de nombreux atouts agronomiques qui pourraient aujourd'hui répondre aux besoins des producteurs français face au changement climatique. Car désormais les exploitations qui optent pour la diversification sont nombreuses (amande, pistache, et même fruits exotiques). Outre l'avantage d'une récolte entièrement mécanisée le pacanier est un arbre rustique adapté aux climats chauds, tolérant au gel (jusqu'à -10°C) et à la sécheresse. Mais Mathieu Duflos tempère, « Nous n'affirmons pas que le pacanier est la solution magique et qu'il faut en planter partout ! ». Si les surfaces dans l'Hexagone sont encore timides, « moins de 100 hectares », la culture de la noix de Pécan pourrait rapidement augmenter. « Ils sont actuellement une quinzaine, selon les chiffres que nous avons, à produire de la noix de Pécan en France ». Et les profils des producteurs, tout comme des exploitations, sont plutôt hétérogènes. « Il y a des céréaliers, des arboriculteurs, des producteurs de fruits rouges et même un producteur de thé. Certains cultivent 5 arbres, d'autres plus de 5 hectares », explique Mathieu Duflos.
La majorité de la production se situe aujourd'hui dans le sud-ouest (Occitanie et Nouvelle-Aquitaine) mais gagne aussi des territoires un peu plus froids « De Perpignan jusque dans le nord de la France », indique Mathieu Duflos qui précise toutefois « que le pacanier pousse à des températures basses mais on ne peut pas affirmer que la production y sera suffisante pour être rentable ». Car si l'arbre est résistant au gel, les bourgeons sont toutefois sensibles aux gelées tardives. « Le pacanier ne va pas mourir mais les rendements peuvent être moindres tout comme la qualité ».
Le projet French Pécan quésaco ?
L'objectif de French Pécan : structurer la filière française de noix de Pécan sur l'amont comme sur l'aval via l'acquisition de connaissances et de références techniques sur la culture du pacanier. Si le projet est porté aujourd'hui par l'Association Française d'Agroforesterie, celui-ci bénéficie à « tous les producteurs quel que soit le modèle de production », indique Mathieu Duflos. « La priorité pour nous aujourd'hui est de mieux appréhender le fonctionnement de l'arbre en France car ça reste une culture expérimentale » et pour cela l'Association Française d'Agroforesterie se concentre sur plusieurs points : Étude de la phénologie du pacanier, comportement de différentes variétés en termes de débourrement, de floraison et de maturité des fruits ; conception et expérimentation des systèmes de production en agroforesterie ; définition des itinéraires techniques adaptés aux contextes pédoclimatiques de l'Hexagone… « Nous allons tester une quinzaine de variétés – il en existe près de 200 – en nous appuyant sur les données de l'Espagne, qui a déjà une dizaine d'années d'avance sur nous ainsi que sur l'Italie, puis nous croiserons les éléments pour développer nos acquis et ainsi répondre aux interrogations des producteurs et les accompagner pour développer leur projet ».
Dans le cadre d'un appel à projets, French Pécan espère déployer l'initiative sur les 5 prochaines années afin notamment de mettre en place 2 parcelles expérimentales supplémentaires et d'accompagner 20 agriculteurs porteurs de projets de plantation en agroforesterie.
Quelles perspectives pour la noix de Pécan sur le marché français ?
Si la demande est encore timide, la noix de Pécan aurait toutes les chances de satisfaire les papilles du consommateur français puisqu'en plus de posséder de nombreuses qualités nutritionnelles « elle est plus fine au goût et moins astringente que la noix commune ». Pourtant malgré ses qualités, la noix de Pécan reste encore largement méconnue du grand public avec seulement 1 000 T de cerneaux consommées en France (93 % viennent du Mexique et des Etats-Unis et les importations européennes représentent quant à elles 14 500 tonnes par an). Et pour valoriser le cerneau de noix de Pécan, le projet French Pécan travaille aussi sur le développement de la phase post-récolte. « La difficulté c'est que les casseries traditionnelles, utilisées pour les autres fruits à coque, ne conviennent pas à la noix de Pécan. Nous devons concevoir un outil délicat et adapté pour casser la noix de Pécan sans l'abîmer car nous constatons beaucoup de brisures. Les travaux doivent se poursuivre pour fabriquer et tester un prototype de casseuse ».
Pour plus d'informations :
Mathieu Duflos (Chef de projets)
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