Dans une lettre ouverte adressée à Michel Barnier, « Monsieur le Premier Ministre, N'oubliez pas les pomiculteurs ! » la filière Pommes et Poires, qui représente plus de 25 000 emplois et qui produit annuellement 1 500 000 tonnes de fruits a formulé plusieurs demandes au nouveau gouvernement, car « l'actualité récente donne de multiples raisons de douter dans la volonté de l'Etat de contribuer à la compétitivité de notre filière », explique l'ANPP.
Majoritairement consommées sur le territoire, « nos pommes contribuent à notre souveraineté alimentaire. Elles sont également reconnues à l'exportation et contribuent ainsi positivement à notre balance commerciale », rappelle l'ANPP / Photo d'illustration © Dreamstime
TODE, phyto et Plan de Souveraineté Fruits et Légumes
Les contraintes budgétaires vous conduisent, et c'est malheureusement légitime, à chercher à faire des économies mais également à préserver le pouvoir d'achat des Français. Cependant, en découvrant différentes options présentées concernant les exonérations de charges, et en particulier celle des économistes Bozio et Wasmer, nous comprenons que le TODE (dispositif d'exonération des charges patronales propre au secteur agricole), qui nous semblait être un acquis, pourrait être remis en cause. Pour mémoire, nous employons très majoritairement des salariés peu qualifiés, rémunérés au SMIC et pour autant, notre coût salarial est entre 1,5 et 4 fois supérieur à nos concurrents européens directs, sachant que le coût de la main d'œuvre représente plus de 50 % du coût de production de nos fruits.
Autre point : celui de « la situation réglementaire notamment en matière de disponibilité et de conditions d'usage des produits phytosanitaires, mais également d'accès à l'eau, est un facteur dis-concurrentiel majeur à l'échelle de l'Union européenne », note l'ANPP. Car cette année encore, de nombreux vergers auront subi des attaques de pucerons. Résultat : jusqu'à 30 % de pertes pour certains. « Partout ailleurs en Europe, nos concurrents disposent encore et jusqu'en 2034 de l'acétamipride en pulvérisation alors que, pour des raisons dogmatiques, elle nous est inaccessible. Et que dire de l'esfenvalérate dont l'ANSES vient de refuser le renouvellement d'AMM alors que partout ailleurs il est autorisé. Malgré les promesses de solutions de vos prédécesseurs, et les vôtres récentes de limitation de la dérive normative, nous ne voyons rien venir pour réparer les erreurs du passé, éviter celles à venir et donner réalité au « pas d'interdiction sans solution ».
Dernier point : le Plan de Souveraineté Fruits et Légumes. « Les appels à projets portés par France Agrimer et financés dans la cadre de la Transition Ecologique ont fait les frais des mesures de restriction budgétaire. Aujourd'hui, les enveloppes, gelées de 30 %, ne suffisent ni à accompagner les projets de plantation avec des variétés naturellement résistantes aux maladies et ravageurs, ni les équipements de protections contre les aléas gel et grêle en particulier. C'est pourtant bien au plus fort de la crise qu'il faut soutenir les investissements qui permettront au verger français d'améliorer sa productivité face au changement climatique. »
Quelles sont les demandes formulées par la filière ?
L'ANPP rappelle qu'elle ne demande pas d'aide d'urgence, qu'elle qualifie d'ailleurs 'd'argent versé dans un puits sans fond', mais « les moyens de la transition » autrement dit : sanctuariser le TODE ; redonner au politique et non à l'ANSES, comme partout ailleurs en Europe, le pouvoir d'autoriser les solutions phytosanitaires efficaces et utiles, et en premier lieu revenir sur l'interdiction des néonicotinoïdes ; et enfin honorer les engagements budgétaires de l'Etat prévus au Plan de Souveraineté Fruits et Légumes.
Pour plus d'informations :
Sandrine Gaborieau
Association Nationale Pommes Poires
www.lapomme.org
www.vergers-ecoresponsables.fr