Au cours des dernières saisons, la filière sénégalaise d'exportation de mangues a été confrontée à de nombreuses difficultés : changement climatique, défis logistiques, concurrence, fiscalité, manque de modernisation... les acteurs de la filière pointent du doigt un certain nombre de problèmes. Selle Ndoye, directeur de FNS Agribusiness, déclare : "Nous sommes inquiets de cette situation alarmante. La filière sénégalaise d'exportation de mangues est tout simplement au bord de l'effondrement".
M. Ndoye précise : "La force du secteur de la mangue au Sénégal a toujours été la saisonnalité et la qualité. Mais le changement climatique provoque des perturbations majeures depuis des années. Il suffit d'un retard de deux semaines sur le début de la saison, couplé à la sécheresse, pour que la saison soit irrémédiablement ratée."
C'est ce qui s'est passé la saison dernière, ajoute M. Ndoye. "Des conditions climatiques difficiles, entre sécheresse et canicule, ont fait perdre le premier cycle de récolte, qui représente 25 % des volumes au niveau national. Pire encore, le retard de deux semaines dans le lancement de la saison nous a mis en concurrence directe avec les origines égyptiennes et latino-américaines plus tard dans la saison. Si tout s'est bien passé en termes de production pour le deuxième cycle de récolte, il a été difficile d'exporter et de maintenir des prix corrects alors que le marché était inondé de mangues".
En conséquence, les exportateurs se sont retrouvés dans une situation d'hémorragie financière la saison dernière, comme le décrit M. Ndoye : "La saison n'a pas été rentable. Beaucoup de producteurs et d'exportateurs ne peuvent pas se remettre de telles pertes".
Dans ces conditions, les producteurs de mangues sont désemparés et ne savent plus comment réagir. Ndoye décrit l'ambiance : "Chaque année, nous espérons le meilleur, nous sommes optimistes, mais le climat est imprévisible. Nous ne savons pas s'il faut changer de variété ou se tourner vers d'autres cultures. C'est une décision difficile à prendre, car le Sénégal a toujours été connu pour ses mangues Kent d'une couleur, d'un goût et d'une qualité particulière, et il est difficile d'en faire table rase".
"D'autres voies de conversion incluent l'adoption de variétés plus anciennes comme l'Amélie, ou d'autres fruits comme les dattes ou les avocats, qui peuvent être cultivés avant l'arrivée des intempéries. Le développement des sous-produits de la mangue Kent reste également une voie à explorer. Ce que nous espérons, c'est que nous continuerons à faire ce que nous faisons, à condition que les conditions météorologiques s'améliorent".
Pour la prochaine saison des mangues Kent, les conditions météorologiques semblent favorables, mais M. Ndoye reste prudent : "Les saisons précédentes nous ont montré que tout peut changer rapidement. Nous verrons d'ici le mois d'avril comment la situation évolue".
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Selle Ndoye
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