Le Bénin, pays d'Afrique de l'Ouest, exporte ses ananas presque exclusivement vers la France. Derrière cette particularité se cache le facteur logistique qui confine les exportateurs à un seul marché d'exportation. Edouard Choubiyi, directeur de la société Les Fruits Tropicaux, décrit la production d'ananas du pays : "Les variétés Sugarloaf et Cayenne lisse sont cultivées toute l'année au Bénin, et la production est concentrée dans le sud du pays, plus humide et plus propice à cette culture. Nous produisons environ 3 000 tonnes au niveau national et la campagne d'exportation dure neuf mois, de septembre à juin. 85 % de la production est exportée vers la France. Lorsque l'été arrive, la campagne s'arrête car les consommateurs français se tournent vers d'autres fruits".
"Les ananas du Bénin sont de meilleure qualité que ceux de la sous-région, et l'on constate depuis peu une forte amélioration du rendement à l'hectare grâce à l'amélioration des opérations culturales et à l'utilisation d'intrants de meilleure qualité. Nous avons également constaté une nette amélioration des conditions climatiques cette année par rapport à l'année dernière. En ce qui concerne la conformité, les exportations sont échantillonnées et testées par les autorités chargées de la sécurité alimentaire.
"Toutefois, en raison de l'absence de vols directs, nos fruits ne peuvent pas être acheminés vers d'autres marchés. Il n'y a qu'un seul vol cargo direct reliant le Bénin à l'étranger, et c'est vers la France. Nos ananas sont donc plus chers que ceux de la concurrence dans d'autres pays. Au Sénégal par exemple, pays voisin, nos ananas sont plus chers qu'en France, et il en va de même au Maroc. C'est trop risqué d'expédier par la route", poursuit l'exportateur.
La campagne 2024 a subi un revers en raison de la baisse de la demande française, poursuit M. Choubiyi. "Il y a eu un problème de qualité sur une seule cargaison, mais cela a pénalisé tous les exportateurs. C'est le risque de ne pas diversifier les marchés".
La campagne 2025 pourrait être bien meilleure, avec la possibilité de livrer directement en Chine. M. Choubiyi déclare : "Il y a eu des discussions sur l'ouverture du marché chinois aux exportateurs d'ananas béninois. Nous attendons que quelques problèmes techniques soient résolus et nous espérons pouvoir commencer à exporter vers la Chine dans les prochains mois."
En attendant, la filière continue de se moderniser dans le pays, conclut M. Choubiyi : "Des chambres froides ont récemment été construites à l'aéroport de Cotonou pour garantir la fraîcheur des fruits. Nous travaillons également en collaboration avec le gouvernement pour nous assurer que toutes les exportations sont testées afin de garantir leur qualité."
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Choubiyi Edouard
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