Observé pour la première fois en 2014 le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV) s'est rapidement propagé à différentes régions du monde (en France, un premier foyer a été découvert en Bretagne en 2020). En quelques années, ce virus qui s'attaque aux plants de tomates, a profondément modifié le paysage variétal avec comme leitmotiv la course à la résistance. Chez Bayer, la stratégie se fonde désormais sur l'association de plusieurs gènes de résistance et non plus sur une approche monogénique. Explications avec Maxime Coqué, responsable développement tomate chez De Ruiter.
La résistance durable grâce à l'empilement de plusieurs gènes
De nombreuses nouvelles variétés résistantes au ToBRFV ont été mises sur le marché ces dernières années présentant un certain niveau de résistance au ToBRFV, soit une résistance intermédiaire - IR, soit une résistance élevée -HR, avec comme point commun une approche monogénique, c'est-à-dire une résistance basée sur un seul gène. Problème ? la résistance à une maladie basée sur un seul gène a plus de chances d'être contournée par le virus que la résistance basée sur plusieurs gènes et donc muté plus facilement. Bayer préconise donc une approche plus durable de la résistance au ToBRFV en optant pour l'empilement de plusieurs gènes de résistance avec des mécanismes de résistance différents. Une approche « plus chère qu'une approche monogénique mais nous pensons qu'elle offrira in fine une résistance plus fiable. Nous sommes convaincus qu'une telle association de gènes sera plus performante au long terme, pour lutter contre des éventuelles mutations du ToBRFV. »
« Une résistance à un virus de la tomate peut être comparé à un mur de 2m de haut. Pendant 20 ans, bien qu'il tente en permanence le virus ne réussi pas à sauter par dessus puis le virus peut muter ce qui lui permet alors de sauter une hauteur de 2m10, la résistance est alors contournée. Puis un nouveau gène de résistance est trouvé et le mur est alors élevé à 2,20 m de haut, le virus ne peut plus sauter par dessus temporairement seulement. Mais avec ce même mécanisme de résistance le virus mutera de nouveau et la résistance sera encore une fois contournée. Pour éviter que cela ne se produise, nous pensons qu'il est nécessaire d'associer plusieurs gènes avec différents mécanismes. Donc tout en continuant à construire un mur plus haut pour se protéger, nous pourrions creuser un canal autour de la forteresse, ainsi le virus devrait muter pour sauter plus haut mais également pour nager. Avec différents mécanismes de résistance il devient alors de moins en moins probable que la résistance ainsi construite soit contournée. »
Une serre de quarantaine au ToBRFV de 1800 m² spécialement conçue
Pour mettre en œuvre cette idée, Bayer a construit aux Pays-Bas une serre de quarantaine au ToBRFV de 1800 m² où des essais d'inoculation contrôlée sont menés. Avec cette approche la société a désormais la capacité de tester chaque année près de 1000 hybrides au cours d'un long cycle de 6 mois. Pour être représentatif des conditions des producteurs et pour créer les conditions d'infection les plus extrêmes, la culture a d'abord été vaccinée au PepMV à la plantation, puis le ToBRFV a été inoculé par transfert mécanique une semaine plus tard.
Au cours du cycle, plusieurs évaluations des symptômes sur feuilles et sur fruits sont effectuées, ainsi que des tests PCR pour étudier le développement de la charge virale du ToBRFV et du PepMV au cours de la culture. L'équipe de pathologistes de Bayer a établi une échelle d'évaluation universelle des symptômes des fruits et des feuilles, utilisée dans le monde entier au sein de Bayer, pour déterminer avec précision le niveau de résistance au ToBRFV des variétés testées.
De nombreux essais sur le terrain sont également menés en collaboration avec les producteurs et les stations d'expérimentations. En évaluant l'agronomie en plus de la résistance des nouvelles variétés, ces essais sont une base solide pour leur introduction sur le marché.
« Notre objectif est de proposer un produit résistant dans chacun des segment majeur d'ici 2025 »
Bayer a déjà lancé des variétés résistantes comme Ferreira, une tomate charnue avec une résistance intermédiaire au ToBRFV. Elle est actuellement introduite introduisons dans différentes régions du monde dont l'Europe et le Moyen-Orient. Cette variété a déjà montré de bons résultats et retours sur le terrain, notamment lors d'une étude réalisée par le projet B2B des stations d'essais belges. Cette année plus d'une centaine d'essais ont été réalisés en Europe avec les variétés de cerises allongées, rondes et roses. D'autres essais ont également été planifiés dans le monde entier. « Notre objectif est de proposer un produit résistant dans chacun des segment majeur d'ici 2025 ».
Pour plus d'informations :
Bayer – Crop Science
Kenza Zanni, Marketing Coordinator
Mas de Rouzel
Chemin des Canaux
30918 Nîmes
[email protected]
http://www.bayer.com