Les défis ne manquent pas dans le secteur, et lors de la 21ème Journée de la fraise, ils ont largement été abordés. Pourtant, la situation n'est pas si négative, car en regardant de près les chiffres et en étudiant le marché, on s'aperçoit que les producteurs de fraises bénéficient d'une position avantageuse et que, contrairement à d'autres productions sous serre, ils n'ont pas grand-chose à craindre de la concurrence étrangère.
Ces perspectives d'avenir positives ont été partagées lors de la séance plénière du mercredi matin. C'est Adri Bom-Lemstra qui a donné le coup d'envoi de la Journée au nom de Glastuinbouw Nederland, l'interprofession des serristes néerlandais. Dans son intervention, les défis comme l'énergie, la protection des cultures et la main-d'œuvre ont tous été évoqués.
La main-d'œuvre détermine au moins 45 % du prix de revient des fruits rouges, mais Adri Bom-Lemstra considère la santé des plantes comme un enjeu majeur
Protéger les plantes, le plus grand défi
« En 2025, les producteurs devront faire face à plusieurs nouvelles mesures fiscales, où les émissions de CO2 et l'énergie deviendront plus chers. Je n'ai encore rencontré personne qui m'ait dit que cela n'était pas trop grave. Ces mesures vont nuire aux producteurs, comme cela a déjà été discuté lors des deux sessions 'keiharde cijfers' (les vrais chiffres qui en disent long) tenues à guichet fermé à la fin de l'année dernière. »
La présidente de l'interprofession déclare qu'il s'agit d'un travail quotidien pour s'assurer que le secteur ne fasse pas la une des médias, en plus des politiques déjà établies en Europe. L'ajout imminent de l'horticulture sous serre au système d'échange de quotas d'émission ETS-2 devrait être en effet clarifié au printemps.
Le SCEQE-2 constituerait une incitation supplémentaire à faire progresser les producteurs vers la neutralité climatique, ou, selon les détracteurs, à les faire fuir du pays. En ce qui concerne la neutralité climatique, que le secteur vise pour 2040, Bom-Lemstra a reconnu que « cela devient de plus en plus difficile » en raison, entre autres, de la congestion du réseau.
Mais ce n'est pas parce qu'une chose est difficile que le secteur ne continue pas à s'y consacrer pleinement. Certes, les petits producteurs solitaires de petits fruits en particulier, se demanderont s'ils peuvent encore atteindre ce lointain avenir climatiquement neutre, mais il reste de nombreux producteurs qui envisagent ce futur, à condition, bien sûr, que des mesures continuent d'être prises.
Pour cela, il faut de l'innovation. Un autre point politique : La Haye réduit fortement ses dépenses en matière de recherche et d'innovation, et cela concerne aussi le secteur horticole. Bom-Lemstra y voit des goulets d'étranglement, mais estime également que le secteur doit continuer à travailler sur des nouveautés et recherches, car cela est absolument nécessaire pour maintenir le droit d'exister aux Pays-Bas.
Toutefois, le plus grand défi n'est pas l'énergie, mais la santé des plantes, la protection des cultures ou, dans le débat social, par raccourci parfois appelé le 'poison'. Alors qu'en matière d'énergie, les connaissances et les solutions nécessaires sont disponibles, en ce qui concerne la santé des plantes, il y a plus d'ambiguïté. Et cela rend les choses plus difficiles, reconnaît Bom-Lemstra.
Jan van Genderen de Royal Berry a partagé sa vision
Briser la tendance à la baisse de la production
La production de fraises n'a pas augmenté ces dernières années. Elle est même en baisse. Les producteurs veulent briser cette tendance, comme cela est apparu clairement plus tard au cours de diverses présentations, notamment de la part de producteurs tels que Jan van Genderen et Peter van Hulten. Le secteur voit des opportunités dans la culture de porte-greffes, et la culture de fraises à partir de semences évolue également. Ce n'est pas nouveau, mais l'arrivée de nouveaux acteurs lui confère une attention particulière.
Peter van Hulten et Matthijs Jasperse de Florpartners ont parlé des développements chez Van der Avoird Trayplant
Fidèle à sa tradition, GroentenFruit Huis avec Wilco van den Berg, a communiqué les chiffres du marché. Comme les années précédentes, le marché cherche à stimuler la consommation dans la tranche d'âge 18-35 ans. En outre, la plupart des ventes ont lieu entre mai et juillet. Au-delà de cette période, les ventes n'augmentent guère, voire pas du tout.
Wilco van den Berg voit des opportunités de croissance pour le marché des fraises
Le secteur est optimiste quant à la prochaine campagne de promotion, financée par l'UE. Selon Mark de Jong de ZLTO, le secteur a trouvé le pot aux roses à Bruxelles, car auparavant, les pays du sud de l'Europe étaient en mesure de promouvoir leurs produits grâce à des subventions. « Nous pouvons faire la même chose. La campagne s'adresse aux 18-35 ans. »
Mark de Jong, de ZLTO, a parlé de la campagne de promotion à venir
Cindy van Rijswick, de Rabobank, s'est demandé si tous les efforts promotionnels allaient réellement permettre d'augmenter les volumes. Dans sa présentation, chiffres et statistiques à l'appui, elle conclut « qu'il est déjà positif de maintenir les ventes stables. » Comparées à d'autres fruits, les fraises ne se portent pas si mal. En Allemagne, van Rijswick constate une évolution similaire.
Cindy van Rijswick, de Rabobank, est optimiste quant à la position des producteurs de fraises sur la scène internationale
L'expert filière de la banque est positive quant aux opportunités de marché pour les producteurs. Contrairement à d'autres cultures sous serre, la concurrence des pays non européens est faible, voire inexistante. « Ce n'est pas facile, mais si c'était facile, tout le monde pourrait le faire. Ce qui va certainement aider le secteur, c'est que nous sommes les premiers à passer de la culture en plein air à la culture sous abri. En termes de santé des plantes, de défis climatiques et de disponibilité des produits, il s'agit d'un atout de taille. »
Niek Vlemminx, d'Aigro, et Joost Meijer, d'Hortiworld, devant un véhicule autonome équipé d'un système d'automatisation permettant de gérer la lutte bilogique intégrée
Réseautage et présentations
Entre les interventions, une centaine d'exposants étaient présents dans le hall d'exposition. Il y avait peu de nouveautés, mais en matière de protection des cultures, cela est dû à la lenteur de l'octroi des licences, tandis que le robot de récolte prend son temps pour arriver. En revanche, avec les UV-C et l'automatisation de la dissémination des agents de lutte biologique, un bon pas a été franchi, et avec succès.
Wilbert Vervoort et Tim Rijkers de Smits devant un Riverscreen, un filtre pour la pollution grossière dans les bassins d'eau, technologie a été importée d'Amérique du Nord
Avec un total de 800 participants pendant la journée, le salon, organisé par Delphy, ZLTO et Glastuinbouw Nederland, s'est avéré être un évènement réussi en ce début d'année. Pour la première fois, une trentaine de visiteurs internationaux ont également suivi le programme des présentations, grâce à un interprète. La Journée de la fraise a ainsi permis à de nombreux acteurs de prendre connaissance des actualités de la filière des petits fruits.
Un rapport (photo) complet de deux jours de la foire suivra demain.