L'Agence bio risque t-elle de disparaitre ? C'est en tout cas la volonté du sénateur LR Laurent Duplomb qui a, lors de l'examen du budget de l'agriculture vendredi soir (Projet de loi de Finances 2025), fait passer un amendement visant à supprimer le groupement d'intérêt public en charge du développement et de la promotion l'agriculture bio.
Jusqu'à 3 millions d'euros d'économies
Une mesure qui permettrait, selon le sénateur Les Républicains, à l'Etat de réaliser 3 millions d'euros d'économies. Il propose que les missions de l'Agence Bio soient confiées à l'établissement public FranceAgriMer ou réinternalisées par les services du ministère de l'agriculture. « Cette rationalisation se justifie notamment par la faible taille de l'opérateur, qui ne permet pas d'optimiser les ressources dédiées à sa gestion. Les missions de l'Agence bio, et notamment la gestion du Fonds avenir bio, continueraient toutefois à être assurées. Le soutien financier au bénéfice de l'agriculture biologique serait ainsi bien maintenu ».
« Toutes les difficultés de l'agriculture ne peuvent pas être seulement résolues par des subventions »
Pour la ministre Annie Genevard, cette proposition est pertinente et précise que « ça n'est pas parce qu'on internalise l'Agence Bio qu'on néglige l'agriculture biologique ! On essaie juste de rationaliser les coûts de fonctionnement. Tout responsable politique normalement constitué ne peut pas, en ces périodes de difficultés budgétaires, être contre la volonté de rationnaliser les dépenses publiques ». [...] « La filière bio doit trouver son équilibre économique et aujourd'hui elle ne peut pas le trouver uniquement avec l'abondement de l'Etat. Nous avons mis plus de 100 millions en 2023 et plus de 100 millions ne 2024. C'est une politique qui épuise les finances publiques sans parvenir à assurer à cette filière les conditions durables de son maintien. Toutes les difficultés de l'agricultures ne peuvent pas être seulement résolues par des subventions, par des réponses budgétaires ».
« Supprimer l'acteur chargé de promouvoir nos produits est pour le moins osé »
Les réactions de la filière ne se sont pas fait attendre, et notamment de la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique (FNAB). « Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu'il faut supprimer l'acteur chargé de promouvoir nos produits c'est pour le moins osé. Depuis trois ans, nous avions l'impression d'être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d'être mis à terre », déclare son président Philippe Camburet qui rappelle que l'Agence Bio est au cœur du nouveau programme Ambition Bio lancé en 2024 au salon de l'agriculture par Marc Fesneau, un évènement durant lequel a également été acté le renouvellement pour 5 ans de l'Agence Bio. « Cette décision de suppression de l'Agence Bio intervient alors qu'un programme promotionnel visant à relancer la consommation doit être lancé dans quelques jours en amont du Salon de l'agriculture 2025. »