L'Union Nationale Interprofessionnelle des Jus de Fruits (Unijus) s'alarme de la baisse de consommation des jus de fruits et appelle à leur 'réhabilitation'.
En résumé, la consommation de jus de fruits a chuté de 20 % en 5 ans, souvent au profit de boissons plates et gazeuses avec sucres ajoutés et notamment vers des « soft drinks » (sodas, thés glacés, boissons énergisantes, …) avec sucres ajoutés et additifs. L'interprofession des jus alerte également quant à la « confusion des consommateurs et résurgence de cas de scorbut » appelle les pouvoirs publics à « prendre la mesure de la situation et à agir dans le cadre de l'élaboration du prochain Programme national nutrition santé 2025-2030. »
Les ventes de boissons énergisantes en croissance de 9,4 % en 2024
Les ventes de jus de fruits (frais et ambiants) ont connu une diminution de 20 % des volumes entre 2019 et 2024 et de près de 10 % sur un an [Données NielsenIQ – Périmètre HMSM + SDMP+ Drive + Proxi (hors circuits spécialisés, hors CHD)]. Depuis 2023, selon Nielsen IQ les jus de fruits sont délaissés, souvent au profit de boissons à sucres ajoutés, à faible teneur en fruits et dépourvues de valeur nutritionnelle. Ainsi, en 2024, les ventes de boissons plates sans alcool ont pour la première fois surpassée celles des jus de fruits. Les ventes de boissons énergisantes sont en croissance en 2024 de 9,4 % en seulement une année . Pour chaque litre de jus vendu, 3 litres de boissons sans alcool (plates ou gazeuses, hors eaux) sont vendus.
Baisse de consommation des jus de fruits et résurgence du scorbut
Unijus indique que cette baisse de consommation des jus de fruits est, selon les experts sanitaires, à mettre en parallèle avec la réapparition du scorbut (maladie causée par une carence en vitamine C). « Les auteurs d'une étude, publiée en décembre 2024 [The Lancet Scurvy incidence trend among children hospitalised in France, 2015–2023: a population-based interrupted time-series analysis. Assad, Zein et al. The Lancet Regional Health – Europe, Volume 49, 101159], font directement le lien avec la hausse des coûts de l'alimentation et la résurgence du scorbut. Or, on constate que les enfants consommant du jus de fruits sont bien plus nombreux à combler leurs besoins en vitamine C (56 %) que ceux qui n'en consomment pas (19 %). »
« Le prochain PNNS doit replacer les jus de fruits dans les recommandations nutritionnelles »
Pour Unijus « il est désormais temps de distinguer les boissons sucrées (sodas, boissons sucrées aux fruits, etc.) des jus de fruits dans les recommandations alimentaires. En effet, le dernier PNNS (Programme national nutrition santé) ne distingue plus les jus de fruits des sodas et autres boissons sucrées. De fait, les jus de fruits classés Nutri-Score C se retrouvent dans une exacte équivalence avec d'autres boissons sucrées ayant un Nutri-Score E, dans les recommandations du PNNS ». L'union demande ainsi aux autorités la reconnaissance des bénéfices nutritionnels des jus de fruits dans le cadre d'une consommation raisonnable et d'une alimentation équilibrée, à travers la création d'une catégorie dédiée aux jus de fruits dans le prochain PNNS, et l'intégration des jus de fruits comme une portion parmi les '5 fruits et légumes par jour'. »
La responsabilité des distributeurs et experts dans la valorisation (et l'information) des jus de fruits
« Les distributeurs se doivent de préserver l'espace linéaire pour les jus de fruits dans les supermarchés. Le linéaire dédié diminue d'année en année*, laissant les boissons sucrées, sans valeur nutritionnelle, grignoter l'espace auparavant consacré aux jus de fruits. Cette mutation des rayons en faveur des boissons sans valeur nutritionnelle engendre de la confusion, et ne répond pas aux enjeux de santé publique. »
*Selon Nielsen ScanTrack – Données arrêtées au 29 décembre 2024 (P1324), les jus de fruits voient leur taille de linéaire se réduire drastiquement (-393 cm) et leur nombre moyen de références diminuer alors que les boissons plates sans alcool voient quant à elles la taille de leur linéaire gagner 242 cm en 2024.
L'interprofession dénonce la confusion existante entre un jus de fruits et les autres boissons aux fruits. « Trop souvent assimilés à des boissons sucrées comme les sodas ou les boissons plates contenant très peu de fruits, les jus de fruits souffrent d'une perception erronée, malgré leur richesse naturelle en nutriments. Certains articles, vidéos, commentaires, entretiennent la confusion en parlant sans raison de « jus de fruits industriels » qui seraient « avec colorants, conservateurs ou sucres ajoutés. Or, la réglementation française et européenne interdit de telles pratiques. Les jus de fruits (qu'ils soient 100% pur jus ou à base de concentré) ne contiennent que les sucres déjà naturellement présents dans le fruit, et aucun colorant ni conservateur. »
Pour le président d'Unijus, Emmanuel Vasseneix « Il est temps que les jus de fruits soient réhabilités au risque d'une explosion de la consommation des sodas et des boissons énergisantes. Avec leurs qualités nutritionnelles reconnues dans le cadre d'une consommation raisonnée, les jus de fruit doivent jouer un rôle clé dans l'atteinte de l'objectif de consommation des « cinq fruits et légumes par jour » recommandés par le PNNS. »
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