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Pierre Monteux, Directeur Général de l’Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et Martinique

« Oui, il y a péril dans la demeure ! », au SIA la banane française alerte sur son avenir désormais incertain

En 2024 et pour la première fois la banane est devenue le fruit le plus consommé en France. Une récompense supplémentaire pour la banane de Guadeloupe et Martinique élue marque préférée des Français en août dernier. Pourtant la banane française traverse une crise importante, (phyto) sanitaire d'abord et économique ensuite. Au SIA 2025, les producteurs et leurs représentants ont fait le point sur la situation. L'occasion également pour un moment plus festif avec le grand public puisque la banane enrubannée a fêté ses 10 ans.


Des producteurs présents au SIA

6 000 tonnes de bananes écartées chaque année à Dunkerque
C'est un bilan assez sombre qu'a dressé l'UGPBAN lors de sa conférence de presse mardi 25 février. Face à son fléau numéro 1, la cercosporiose noire, la banane française peine à se maintenir à flot. Si la maladie est présente dans toutes les zones de production du monde comme le rappelle Pierre Monteux, « Les moyens de lutte à notre disposition, eux, sont devenus quasi inexistants. Oui il y a péril dans la demeure aujourd'hui ! De 9 traitements curatifs autorisés en 2019 nous sommes passée à 3 – quand les producteurs de la zone ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et d'Amérique latine (Equateur, Colombie) en utilisent une quinzaine – et les répercussions sur les rendements et la qualité sont considérables ». L'UGPBAN estime les pertes aux champs à 20 000 tonnes chaque année. « Pour tenter de limiter la progression de la maladie nous coupons les feuilles (qui constituent le capital foliaire). Donc on se retrouve à la récolte avec un bananier présentant seulement 3 à 4 feuilles contre 8 ou 9 en temps normal. Résultat en 2010, il fallait 800 à 900 régimes pour faire un conteneur, aujourd'hui, il en faut entre 1 400 et 1 500 ». Des pertes tout aussi importantes après le trajet en bateau. « 6 000 tonnes sont écartées à l'arrivée à quai, ce qui représente 10 millions d'euros de pertes annuelles à l'arrivée à Dunkerque, soit l'équivalent de 2 bateaux par an ». Avec ses 185 000 tonnes commercialisées en 2024, la banane française est bien loin de ses 250 000 tonnes d'il y a 10 ans.

50 exploitations disparues entre 2024 et 2025
En 2015, la Guadeloupe et la Martinique comptaient près de 650 producteurs, ils ne sont plus que 450 en 2024, à l'image des surfaces, elles aussi en repli. « Les rendements baissent alors que les coûts de production, eux, explosent » précise Pierre Monteux. Dans ce cas, difficile de rester compétitif face à des pays peu limités en solutions actives et avec des coûts de main-d'œuvre très bas. « Nous sommes passés de 1 000 à 1 500 euros la tonne avec un prix de vente qui a, certes, progressé mais qui n'est plus suffisant », ajoute Pierre Monteux. Résultat : les difficultés financières s'accumulent pour les exploitations. « Entre 2024 et 2025 c'est une cinquantaine d'exploitations qui a disparu en Guadeloupe et Martinique ». L'UGPBAN a donc profité du SIA pour réitérer sa demande d'aide auprès du Gouvernement. « S'il n'y a pas de prise de conscience de la part des pouvoirs publics les conséquences pour la filière seront très graves », prévient le Directeur de l'UGPBAN. Graves également pour l'économie des deux îles car la filière banane représente aujourd'hui 8 500 emplois directs et indirects. « Nous ne demandons pas d'argent, nous demandons simplement les moyens de produire. La reconquête de notre souveraineté alimentaire est aujourd'hui sur toutes les lèvres, mais là on n'y est pas ! » indique Pierre Monteux.

Le traitement par drone en attendant les NGT : uniquement pour le biocontrôle
L'UGPBAN en est convaincue, l'avenir de la banane française passera par les NGT (nouvelles techniques génomiques) pour la création de vitroplants tolérants à la cercosporiose noire. Avec les NGT adieu les fongicides d'autant que la Banane de Guadeloupe & Martinique a « déjà réduit de 83 % l'utilisation des produits phytosanitaires (enherbement, agroforesterie…) dans ses exploitations en 16 ans ». Mais le recours à ces NGT ne devrait pas avoir lieu avant 2028-2030. En attendant, les producteurs misaient sur une autre solution, à court terme cette fois : le traitement par drone (attendu depuis l'interdiction de l'épandage aérien en 2014). En ce sens, une proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb et du député Jean-Luc Fugit a été déposée au Parlement. Adoptée par l'AN, elle est actuellement examinée par la Commission des affaires économiques du Sénat. Mais le soulagement aura finalement été de courte durée. « Nous sommes typiquement dans un cas de surtransposition. Le texte déposé va bien au-delà de la règlementation communautaire puisqu'il autorise uniquement les produits de biocontrôle ». Un non-sens total, selon le Directeur de l'UGPBAN « On exclut de l'épandage par drone des produits qui restent autorisés par voie terrestre ! Les produits de biocontrôle, de par leur faible rémanence demandent davantage de passages, or, il faut en moyenne 2 semaines pour faire le tour complet d'une bananeraie. Donc finalement les producteurs seront obligés de continuer les traitements terrestres en complément des traitements aériens ».


« Nous n'irons pas dans la bataille du premier prix »
Le Salon de l'Agriculture a été aussi l'occasion de célébrer les 10 ans de la banane enrubannée. Mal identifiée par les consommateurs (selon une étude de l'institut CSA de 2014 - seulement 56 % à considérer comme française la Banane de Guadeloupe & Martinique) l'UGPBAN décide en 2015 de vendre les bananes par bouquet de 3, 4, 5 ou 6 doigts et de les valoriser avec un ruban bleu blanc rouge (rappelant le col du Meilleur Ouvrier de France). Le segment enrubanné est présenté au SIA 2015 et les premières commercialisations démarrent deux mois plus tard. « C'est un concept qui a sauvé la filière », confie Pierre Monteux. Aujourd'hui la banane enrubannée représente 5 % du marché. « Nos ventes ont augmenté de 18 % entre 2023 et 2024 et nous avons franchi la barre des 40 000 tonnes cette année ». Mais la filière fonde encore de grands espoirs dans son segment fétiche qu'elle veut faire progresser davantage en atteignant les 50 000 tonnes en 2026. « Notre objectif est d'aller chercher la niche. La bataille du premier prix on n'a pas de raison d'y aller, c'est destructeur de valeur et surtout impossible pour nous au vu de nos coûts de production. » Autre piste pour la banane française : la RHD. « La loi Egalim impose une banane labellisée, et la nôtre l'est ! ».



Pour ses 10 ans la banane enrubannée se pare d'un ruban collector créé par l'artiste français Jérôme Masi et visible en rayon depuis mi-février 2025. Un kit de publicité sur le lieu de vente (jupe et totem évènementiel) valorise le dispositif auprès du grand public. Un jeu concours est aussi proposé du 10 mars au 10 avril, dans plusieurs enseignes pour les consommateurs avec comme lot principal, un voyage en Guadeloupe ou en Martinique d'une semaine pour deux personnes. La communication s'étend au-delà de la présence physique, avec un relais en digital.