Un an après la signature d'une convention avec le ministère de l'Agriculture (Marc Fesneau ministre de l'agriculture à l'époque) au SIA 2024, le Syndicat national des producteurs de châtaignes (SNPC) a détaillé le Plan National Châtaigne (décliné sur 4 ans 2025-2029) lors d'un point presse au SIA 2025, le 26 février dernier. L'objectif ? Enrayer le déclin de la production française de châtaigne grâce à une stratégie long terme. Le plan national doté d'une enveloppe de 5 millions d'euros sera donc destiné à la recherche de solutions face aux défis climatiques, maladies et ravageurs auxquels sont confrontés les castanéiculteurs depuis plusieurs années. Il a aussi pour objectif de mieux structurer la filière.
© Fabrice Brun
29 structures partenaires sont associées à ce projet dont cinq organismes de recherche et développement (CTIFL, INRAE, CNRS, Invenio, Chambre d'agriculture de l'Ardèche). SIA 2025
« Tout au long de l'année 2024, notre syndicat a coordonné un travail intense de coconstruction de ce plan avec le ministère de l'Agriculture et nos partenaires de la recherche et du développement. Les responsables castanéicoles se sont engagés comme ce fût rarement le cas, donnant leur temps et leur énergie sans compter. Ensemble, nous avons élaboré un plan exceptionnel de soutien à la production de châtaignes, un projet fondamental face aux défis que nous rencontrons chaque jour. Notre secteur est confronté à des enjeux sanitaires et climatiques majeurs, et il est clair que les solutions actuellement disponibles sont insuffisantes. D'autre part, il apparait impératif de renforcer la structuration de notre filière à l'échelle nationale », a indiqué Jean-Roland Lavergne, Président du syndicat.
Le changement climatiques accentue les dépérissements et les maladies et augmente les problèmes de qualité
La production française de châtaignes a été d'environ 9000 tonnes en moyenne annuelle sur les 5 dernières années (2019-2023 source Agreste). Les sont fruits destinés pour 70 % au marché du frais et les 30 % restants à la transformation (crème de châtaigne, marron entier au naturel, farine, …). La production se répartit principalement sur deux bassins aux stratégies différenciées (Plus de 60 % du verger français est engagé en agriculture biologique) : Le bassin Sud-Est a assuré environ 60 % de la production moyenne quinquennale 2019-2023 soit 5200 tonnes/an, issues majoritairement de vergers dits « traditionnels » car composés d'arbres souvent plus que centenaires de l'espèce européenne Castanea sativa et localisés en zone de montagne aux conditions d'exploitation difficiles. Dans une grande partie de ces zones, quasiment aucune autre production végétale n'est substituable au châtaigner. Les principaux départements producteurs sont l'Ardèche, La Lozère, le Gard, la Drôme, La HauteCorse, le Var, l'Hérault, la Corse du Sud. Le bassin Sud-Ouest a assuré environ 40 % de la production moyenne quinquennale soit 3600 tonnes/an, provenant majoritairement de vergers plus récents de variétés hybrides (croisement entre espèces européenne et asiatiques). Les principaux départements producteurs sont la Dordogne, la Corrèze, la Haute-Vienne, le Lot, le Tarn-et-Garonne, le Lot-et-Garonne, la Charente, l'Aveyron.
Mais les effets du changement climatiques (gel, sécheresse…) accentuent les dépérissements et les maladies des arbres (encre, chancre) et augmentent les problèmes de qualité après récolte (pourritures en forte hausse et extension des chenilles foreuses). La production française de châtaigne ne permet donc pas de satisfaire ses marchés. La France est importatrice nette, essentiellement à partir de ses voisins européens (Espagne, Italie, Portugal). Elle importe plus de 10 000 t/an et exporte moins de 3 000 t/an (données 2020 Sources Eurostat).
80 % des crédits consacrés à la recherche de solutions
C'est donc pour faire face à ces difficultés qu'une enveloppe financière de 5 M€ a été obtenue sur le budget 2024 du ministère de l'agriculture à l'initiative du député ardéchois Fabrice Brun, avec l'appui de parlementaires et élus des régions castanéicoles. Les crédits ont été engagés sur 7 projets : 80 % des crédits sont consacrés à la recherche de solutions aux principaux problèmes sanitaires de la production de châtaigne et l'adaptation du verger aux impacts du changement climatique et 20 % à la structuration et l'animation de la filière. Le syndicat national des producteurs de châtaigne est chef de file du plan national, en co-présidence avec l'INRAE pour les projets sur les problèmes sanitaires et climatiques.
Les 7 projets :
- Projet CROC (Chestnut Rot Control) - Réduction des pourritures de la châtaigne au verger et après récolte (organisme chef de file CTIFL)
- Projet PROSPER Prophylaxie et solutions pour la santé des châtaigniers (Organisme chef de file INRAE UMR BIOGECO)
- Projet RESILIÂNCE : RESILience des chÂtaigneraies fruitières et iNnovation de techniques CulturalEs face aux changements globaux (Organisme chef de file CNRS-CEFE)
- Projet MatCha : Matériel végétal Adapté aux défis sanitaires et climatiques de la châtaigneraie (Organisme chef de file Chambre d'agriculture d'Ardèche)
- Projet ChatOFor : Châtaigneraies Optimisées contre les chenilles Foreuses (Organisme chef de file Invenio)
- Action d'animation et plan de soutien à la filière châtaigne (Pilotage du projet : Syndicat National des Producteurs de Châtaignes)
- et enfin le Projet « Structuration de la filière châtaigne » (détaillé ci-dessous)
20 % à la structuration et l'animation de la filière
Pour le SNPC la structuration de la filière est également perfectible. Le maillage territorial des adhérents du syndicat est un atout qui doit être renforcé. Les syndicats de producteurs départementaux ou régionaux n'ont que peu de moyens d'action. Le dialogue interprofessionnel (producteurs, metteurs en marché, transformateurs, distributeurs,) doit être développé au niveau national. D'autre part, la châtaigne est mal connue d'une grande partie des consommateurs. C'est pour cette raison que le projet « Structuration de la filière châtaigne » sera développé : l'objectif étant de mettre en place une véritable structuration de la filière châtaigne en France, en associant tous les acteurs amont et aval. Il participe plus globalement au développement de la filière, notamment en facilitant l'appropriation et la diffusion des travaux issus des projets financés dans le cadre du plan PARSADA châtaigne, en coordination avec les pilotes de ces projets. Les principales actions seront :
- coordination et animation du projet et du plan national châtaigne dans sa
globalité, dont le suivi des cinq projets Parsada en co-présidence avec l'INRAE,
- développement de l'interprofession,
- organisation de l'offre,
- actions de communication
« Notre syndicat dans les mois à venir va s'impliquer fortement à la structuration de notre filière à l'échelle nationale pour la rendre plus forte et lui donner les moyens de pérenniser son action. N'oublions pas que la castanéiculture Française repose sur une identité forte de nos régions. Ce travail de structuration d'une filière nationale se fera en intégrant nos sensibilités régionales. »
Crédits photo : Fabrice Brun