Hier s'est tenue la journée de clôture du projet de recherche et d'expérimentation multi-filières Climatveg piloté par Vegepolys Valley et cofinancé par les Régions Pays de la Loire et Bretagne. Lancé en février 2021, pour une durée de quatre ans, le projet Climatveg (pour CLIMAT et VEGétal) porte sur la transition et la durabilité des systèmes de productions végétales face aux changements climatiques de l'Ouest.
Climatveg c'est 80 partenaires mobilisés (recherche & formation, organisations professionnelles agricoles, instituts techniques, lycées agricoles, etc.) ; plus de 350 agriculteurs et acteurs économiques impliqués ; 24 actions de recherche et d'expérimentation pour favoriser la résilience des systèmes de production / © Vegepolys Valley
Faciliter la transition des systèmes agricoles
Dans le cadre du projet, 24 actions de recherche et d'expérimentation ont été lancées pour faciliter la transition des systèmes agricoles en grandes cultures (céréales, fourrages) et végétal spécialisé (arboriculture, viticulture, maraîchage, production de semences). Climatveg répondait à trois objectifs : créer de la connaissance sur les climats de demain (2040-2100) et les impacts sur des cultures du territoire ; expérimenter des solutions innovantes centrées sur le végétal, la couverture du sol et l'utilisation de la ressource eau et enfin mettre à la disposition des agriculteurs et décideurs des solutions concrètes pour accélérer leur transition.
« L'objectif de Climatveg était d'impulser une dynamique collective afin d'imaginer des approches mobilisant des leviers liés aux plantes, au sol et à l'irrigation. En tant que pôle de compétitivité dédié au végétal, ce projet a permis des temps de partage réguliers et nombreux entre les acteurs des différentes filières. Avec les partenaires, nous avons concentré nos efforts sur la création d'outils de sensibilisation et de scénarios d'adaptation aux climats futurs
ainsi qu'aux tests, en laboratoire et en conditions réelles, de solutions innovantes qui doivent contribuer à la résilience des filières végétales de l'Ouest. En effet face au défi climatique, il n'existe pas de solution unique mais un ensemble de leviers à combiner », Flavie Delattre, Présidente de Vegepolys Valley.
Vers une « méditerranéisation » des températures de l'Ouest
Climatveg a débuté par un travail conduit par le laboratoire CNRS LETG (Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique) de l'Université de Rennes 2. L'objectif : synthétiser l'évolution climatique en régions Bretagne et Pays de Loire, à partir des données
d'une cinquantaine de stations (période historique) et une projection du climat du territoire à
deux horizons (futur proche (2020-2049) et futur lointain (2070-2099)). Selon ces travaux, la température actuelle de Bordeaux pourrait être dépassée en 2050, d'abord en Pays de la Loire puis en Bretagne ; en fin de siècle, celle de Nice pourrait l'être sur une large partie des territoires des Pays de la Loire et de Bretagne, excepté le Finistère.
Le changement climatique ne concerne pas uniquement les températures mais aussi la
pluviométrie, l'intensité des aléas, leur répétition, etc. Ces évolutions ont été traduites en
indicateurs agroclimatiques pour essayer de chiffrer leur impact sur l'agriculture de l'Ouest :
précocité de la floraison, avancement de la période de récolte, calibre des fruits, cycle
supplémentaire de ravageurs, etc.
Les quatre années du projet ont été marquées par une forte variabilité saisonnière ainsi que des occurrences et intensités variées d'aléas climatiques.
Cette première phase a permis de développer des outils et supports de sensibilisation
pour structurer les échanges avec les producteurs à partir de données chiffrées sur le
changement climatique et les impacts sur l'agriculture, les filières et territoires.
Trois actions autour des leviers sol, plante et eau, qui ont permis de tester des solutions d'adaptation au changement climatique
La première action concerne l'implantation de couverts végétaux (dans les systèmes de polycultures élevage, l'implantation de couverts végétaux rend de multiples services : sur la structure du sol, la production de fourrage complémentaire, limiter l'érosion, etc. Face aux aléas climatiques et aux évolutions futures du climat, il est apparu nécessaire d'identifier les conditions de réussite de différentes stratégies de couverture des sols en interculture, pour un couvert développé le plus tôt possible mais également pour éviter des périodes sensibles pour le semis (sécheresse estivale). En étudiant un réseau de plus de 180 parcelles, les partenaires ont identifié différentes conditions de réussite (climatiques et pratiques) pour cinq stratégies : couvert semé en même temps qu'une céréale à l'automne, couvert semé en sortie d'hiver dans une culture en place, couvert semé dans le mois précédent la récolte d'une céréale, couvert semé dans les 3 jours suivant la récolte, couvert pluriannuel. La 2e action concerne les besoins en eau des plantes. L'objectif était ici de produire des références locales sur les besoins en eau de plusieurs espèces fourragères cultivées dans les élevages ligériens (ray grass anglais, fétuque, luzerne, trèfle violet, ray grass hybride et prairie multi-espèces) afin d'élaborer leurs fonctions de production, c'est-à-dire le lien entre l'alimentation en eau de ces fourrages et leur niveau de production et leur qualité, pour in fine être capable d'estimer les impacts du changement climatique mais aussi d'optimiser les systèmes de production (assolements) actuels. La 3e action consiste à réduire de 30 % l'apport en eau pour une culture de tomate sous abris conduite en sol et en hors-sol. L'objectif était d'évaluer l'impact d'une réduction significative de 30 % de l'apport en eau sur une culture de tomate cultivée en hors-sol et en pleine terre. L'impact du stress hydrique a été mesuré à la fois sur les performances agronomiques (rendement, poids des fruits...) et sur la qualité sensorielle (mesures physico-chimiques sur les fruits, tests de dégustation). Des références ont été acquises sur des variétés de tomates connues en production ainsi que sur des variétés présentant une capacité à développer une haute qualité gustative dans des conditions de forte salinité. En hors-sol, les essais ont comparé le comportement au stress hydrique de plusieurs types de substrats. Les essais réalisés en sol ont cherché à réaliser des économies en s'affranchissant du plein en eau habituellement effectué en hiver. En dernière année, la réduction en eau a été limitée à 20% pour essayer de limiter la perte de production observée de 2021 à 2023.
Pour plus d'informations :
Vegepolis Valley
Maison du Végétal
26, rue Jean Dixmeras
49066 Angers Cedex 1
France
Tél. : 33 (0)2 41 72 17 37