Il n'est pas fréquent que les directeurs des entreprises de fruits et légumes vendent leur affaire, prennent quelques années de congé pour ensuite revenir en salariat. C'est au tour de Fred Kloen de faire son retour chez OTC Organics après trois ans. « Le dynamisme et l'action me manquaient. Pour beaucoup, on aurait dit une pause illogique, mais pour moi, elle a permis de tout remettre en place. »
Après la vente des dernières parts à l'ancien Total Produce à la fin de l'année 2021, Kloen a décidé en toute connaissance de cause de se retirer après 20 ans d'activité au sein d'OTC Organics. « J'aurais pu rester, mais j'ai ressenti le besoin de faire un break et j'ai également voulu faire l'expérience de ne plus avoir d'engagements. resté impliqué, même du bout du pied, signifie ne jamais vraiment se relâcher. Voilà pourquoi j'ai décidé de prendre une année sabbatique. »
Celle-ci a été mise à profit pour la construction d'une nouvelle maison et quelques beaux voyages, mais ensuite Kloen s'est rendu compte qu'il était encore trop jeune pour ne rien faire. « En septembre, ça a commencé à me démanger. J'ai envisagé un moment de reprendre mes anciennes activités au sein du secteur, mais j'ai finalement décidé d'essayer la gestion immobilière pour les entreprises. Je pensais pouvoir mettre mon expérience au service des entrepreneurs, mais les trajets se sont souvent révélés longs et je ne suis pas, par nature, la personne la plus patiente de la planète. La vérité : si vous travaillez dans les fruits et légumes, vous pensez souvent qu'il serait bénéfique de descendre d'un cran, mais lorsque le commerce est plus calme, vous vous ennuyez rapidement. »
Brasser de la bière
Kloen a gardé un autre héritage de son aventure dans l'immobilier, à savoir Stadsbrouwerij Staverden, où il s'occupe - même si ce n'est pas au quotidien - de brasser des bières naturelles, authentiques et artisanales. « Néanmoins, j'ai remarqué que mon cœur battait toujours plus vite lorsqu'il s'agit de fruits et légumes (biologiques) et que rien d'autre ne s'en rapprochait vraiment. Comme j'ai quitté OTC par la porte d'entrée, le retour m'a immédiatement semblé familier. Beaucoup de choses ont changé en interne et l'hiver dernier, OTC était à la recherche de connaissances, d'expérience et d'ancienneté, ce que je pouvais leur offrir. »
Revenir en tant qu'employé n'est absolument pas gênant pour Kloen. « Il faut faire attention à ne pas retomber dans son ancien rôle. Honnêtement, j'apprécie de ne pas avoir à m'occuper de l'ensemble des opérations. Je peux me concentrer sur le commerce et c'est ce qui me convient le mieux. Il règne un excellent esprit au sein de l'équipe commerciale et j'espère mettre à profit mes connaissances et mes compétences pour contribuer à optimiser le succès d'OTC. Je dois dire que les salons de Berlin et de Nuremberg (à droite) ont été un véritable cadeau. J'avais rencontré de nombreuses personnes de son réseau pendant mon année de pause, mais ensuite, cela avait diminué. Ces foires m'ont permis de reconnecter avec de une multitude de personnes, dont certaines avec lesquelles j'ai travaillé il y a vingt ans. »
Kloen remarque que le marché des fruits et légumes biologiques est sujet à des évolutions. « Sur le marché, les grands partis deviennent encore plus grands et certains petits sont engloutis. En outre, il me semble que le marché biologique a subi une forte pression ces dernières années. Les effets de la pandémie, les conditions géopolitiques, les coûts de l'énergie et le comportement des consommateurs en raison de l'inflation et d'autres incertitudes se sont fait sentir. Le secteur bio pose question et évolue, mais il faut encore transformer tout ça en succès. Il ne faut surtout pas oublier qu'au cours des trois dernières années, les coûts ont énormément augmenté au sein de l'UE, mais que cette augmentation ne se reflète guère dans les prix à la consommation et qu'elle a été absorbée par la chaîne, ce qui constitue une évolution indésirable et même dangereuse. »
Fred Kloen à Fruit Logistica avec son collègue Cornelis Ernst et Andre Setz de Freeland
Des prix équitables
« La discussion sur les prix équitables est toujours d'actualité, mais l'instabilité du marché n'a fait qu'augmenter. Le fret maritime peut coûter 5 000 $ pour une certaine destination ce jour, et 8 000 demain. Les détaillants sont pris dans la course au prix le plus bas. Tout le monde cherche à travailler plus vite et moins cher, ce qui rend très difficile le lancement réussi des produits. Mais si nous ne parvenons pas à obtenir un prix équitable pour les producteurs, vous aurez beau avoir la meilleure équipe de vente d'Europe, vous finirez par obtenir la somme forfaitaire, car sans approvisionnement, vous n'avez rien à vendre. »
« D'un côté, l'Europe présente des objectifs ambitieux pour le développement de la part de marché des produits bio, mais cela ne suffit pas. Les producteurs sont confrontés quotidiennement aux effets de l'inflation, à l'augmentation des salaires et des prix des emballages, aux coûts de l'énergie et aux défis phytosanitaires. Lorsque les prix de revient augmentent fortement et que cette hausse ne peut être répercutée sur le marché, les revenus des producteurs chutent tellement qu'ils se demandent si la production biologique est encore vraiment durable, économiquement parlant. On peut donc avoir les plus belles ambitions du monde, au bout du compte, on a besoin des producteurs. Aujourd'hui, on voit des producteurs aux Pays-Bas et en dehors de l'Europe qui abandonnent parce qu'ils ne réalisent pas les rendements nécessaires et que les risques ne l'emportent pas sur les avantages. La croissance organique est ce que nous voulons tous, mais à condition d'obtenir un équilibre économique sain pour l'ensemble de la chaîne. »
Au sein du groupe Dole, OTC a toutes les chances de se mettre en valeur et de se développer. « Dole est la plus grande entreprise de fruits et légumes au monde. La durabilité et le développement biologique sont à l'ordre chez Dole. L'appui et le soutien de l'organisation mère apportent non seulement un confort et un poids financiers, mais ouvrent également de nombreuses portes commerciales, tant au niveau de l'approvisionnement que du marketing. »
Connexion avec le client
« Pour nous, le principal défi consiste à maintenir le lien avec le client à l'ancienne. L'aspect personnel reste crucial. C'est ainsi qu'OTC s'est fait connaître, c'est notre signature et elle nous permet d'avancer. Les rotations de personnel dans le commerce de détail rendent la tâche difficile. Sur le marché allemand en particulier, le turn-over est énorme et le manque de personnel est parfois palpable. Nous aussi, devons faire preuve d'efficacité, en faisant plus de travail avec moins de collaborateurs. »
Si Kloen prendra sa retraite chez OTC ? « Je n'ai pas encore beaucoup de recul et cela dépendra des circonstances, à commencer par le fait qu'ils soient satisfaits de mes performances. Mais il faut se donner du temps, et l'ambition n'est pas de tout avoir réglé en quelques mois. J'ai hâte d'appuyer sur l'accélérateur et de remettre OTC sur le devant de la scène. J'ai envie de relever les défis qui nous attendent. L'essentiel est de savoir ce que veulent nos clients, qu'eux sachent ce à quoi ils peuvent attendre de notre part et d'être à la hauteur, chaque jour. Si nous y parvenons, le reste suivra naturellement ! »
Pour plus d'informations :
Fred Kloen
OTC Organics
Tél : +31 885880440 / +31 629728490
fredkloen@otcorganics.com