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Marché mondial : l’ananas

Le marché mondial de l'ananas reste marqué par une offre restreinte et des prix élevés, conséquence directe des perturbations climatiques, de retards logistiques persistants et d'un recentrage des priorités à l'exportation. De l'Amérique du Nord à l'Europe, en passant par d'autres régions du globe, les acheteurs et les négociants doivent composer avec une disponibilité limitée et une demande soutenue, notamment à l'approche de périodes clés de consommation. En Amérique du Nord, les volumes demeurent faibles en raison des conditions météorologiques défavorables au Costa Rica, tandis que la demande, stimulée par les fêtes de Pâques, maintient les prix à des niveaux élevés. L'offre mexicaine permet en partie de compenser le déficit, bien que le transport vers la côte ouest demeure complexe.

En Italie, les faibles disponibilités combinées à une évolution des préférences des consommateurs entraînent une hausse des prix, accentuée par les difficultés de production en Amérique centrale dues au climat. Les coûts élevés des intrants et la pression concurrentielle d'autres marchés d'exportation non-européens compliquent davantage l'approvisionnement local. L'Espagne, de son côté, a enregistré ses plus hauts niveaux d'importation d'ananas depuis une décennie, accompagnés d'une progression des réexportations. Le Costa Rica reste le principal fournisseur, tandis que plusieurs autres pays ont réduit leurs volumes par rapport à 2023.

© Viola van den Hoven-Katsman | FreshPlaza.fr

Aux Pays-Bas, les retards de livraison et la baisse des quantités disponibles ont désorganisé la chaîne d'approvisionnement, générant une demande artificielle. Les prix ont connu une nette flambée, atteignant jusqu'à 18 euros sur le marché libre pour certaines transactions. En Allemagne, les volumes en provenance du Costa Rica restent limités, et les coûts de fret élevés continuent de peser sur les prix. Les grossistes signalent que ces prix élevés persistent bien au-delà des tendances saisonnières habituelles.

En France, la combinaison de prix record et de faibles volumes a créé ce que les professionnels qualifient de situation de marché « sans précédent ». Les difficultés logistiques, ainsi que la réorientation d'une partie des volumes vers l'Amérique du Nord, ont de nouveau réduit les disponibilités sur le marché hexagonal. En Afrique du Sud, la qualité des fruits s'est nettement améliorée après les fortes pluies qui avaient momentanément engendré une surabondance. Les prix se sont depuis stabilisés, même s'ils demeurent inférieurs au pic enregistré en février, en lien avec des pénuries passagères.

Au Costa Rica, la campagne bat son plein, portée par une demande industrielle exceptionnelle due à la pénurie mondiale de jus d'orange, ce qui entraîne des prix records. Cette situation limite les volumes disponibles pour le marché du frais, malgré une logistique relativement stable. Au Panama, la production a doublé afin de répondre à la demande croissante de l'Europe et du Moyen-Orient. Bien que les fruits soient de calibre plus petit en raison des conditions climatiques, l'ensemble des volumes disponibles trouve preneur, maintenant un marché dynamique.

Amérique du Nord : l'offre restreinte soutient la fermeté des prix à l'approche de Pâques
L'offre d'ananas en Amérique du Nord demeure limitée, principalement en raison des conditions météorologiques défavorables qui ont affecté le Costa Rica, l'un des principaux pays producteurs. Comme le cycle de maturation d'un ananas dure environ un an, les aléas climatiques de l'an dernier continuent d'impacter les récoltes actuelles. Néanmoins, une légère hausse des volumes a été observée la semaine dernière.

Face à la réduction des expéditions en provenance du Costa Rica, le Mexique a permis de combler partiellement le déficit. Toutefois, les coûts logistiques depuis le Texas, principal point d'entrée des ananas mexicains aux États-Unis, compliquent leur acheminement vers la côte ouest de manière compétitive.

La demande reste dynamique et devrait se maintenir jusqu'à Pâques, période traditionnellement propice à une hausse de consommation de produits de base comme l'ananas.

Les prix se sont installés durablement dans une fourchette à deux chiffres, atteignant jusqu'à 20 dollars (environ 18,40 €), avant de légèrement redescendre autour de 15 à 16 dollars (13,80 à 14,70 €). Une nouvelle fermeté des prix est attendue à l'approche des fêtes.

Italie : la rareté de l'offre et l'évolution des préférences tirent les prix vers le haut
« Depuis la fin des fêtes, le marché de l'ananas reste porteur », indique un grossiste de Campanie. « La demande n'est pas particulièrement élevée, mais l'offre est restreinte en raison du changement climatique qui affecte la production mondiale, ainsi que d'autres facteurs d'ordre global. Résultat : les prix grimpent. On estime à 70 à 80 % la baisse des volumes disponibles. Un ananas standard atteint désormais 1,80 €/kg, un niveau élevé pour la saison. »

Par ailleurs, les habitudes de consommation évoluent. « Depuis plusieurs mois, les consommateurs se tournent davantage vers les ananas prêts à consommer ou mûris sur pied. Ces références impliquent une logistique plus rapide mais aussi plus coûteuse. Elles continuent pourtant à séduire, car l'ananas, au même titre que l'avocat ou la mangue, fait aujourd'hui partie du régime alimentaire quotidien des Italiens. Ces fruits ne sont plus perçus comme exotiques, mais comme des produits de consommation courante, disponibles toute l'année. »

Un grossiste du nord du pays confirme les difficultés du marché. « Cela fait des mois que je ne vends plus d'ananas, car les prix sont devenus trop élevés. La qualité n'est pas optimale, et pour dégager une marge, je devrais vendre à 2,50 €/kg, un tarif inacceptable pour mes clients. Je préfère attendre un retour à la normale. »

Un importateur du centre de l'Italie ajoute : « Le début de l'année 2025 a été marqué par des conditions climatiques particulièrement défavorables au Costa Rica. En janvier et février, de fortes pluies couplées à un faible ensoleillement ont nui à la qualité des fruits. Puis, en mars, le scénario s'est inversé, avec beaucoup de soleil et peu de pluie. Or, l'ananas a besoin d'un bon équilibre entre humidité et lumière pour se développer correctement. »

À cela, s'ajoute une concurrence accrue des marchés extracommunautaires, comme les États-Unis, prêts à payer davantage pour sécuriser leurs volumes. « Cela a réduit les quantités disponibles pour des pays traditionnellement gros consommateurs comme l'Italie et l'Espagne », souligne l'importateur.

Selon lui, ce premier trimestre 2025 s'est avéré bien plus favorable aux importateurs qu'en 2024. « Mais il ne s'agit pas d'un véritable boom de la consommation : les prix augmentent simplement parce que l'offre se contracte. »

Espagne : l'année 2024 marque un record décennal pour les importations et réexportations d'ananas
Les importations espagnoles d'ananas ont atteint en 2024 leur plus haut niveau depuis dix ans, totalisant près de 185 900 tonnes pour une valeur de 165,92 millions d'euros. Le Costa Rica reste de loin le principal fournisseur, suivi par le Panama, l'Équateur, les Pays-Bas, la Côte d'Ivoire et le Portugal. Parmi ces pays, seul le Panama a maintenu un volume stable par rapport à 2023, tandis que les autres affichent des variations significatives.

Le Costa Rica a augmenté ses expéditions de 4 %, atteignant 166 900 tonnes. À l'inverse, l'Équateur a vu ses exportations reculer de 17 %, passant de 5 025 tonnes en 2023 à 4 151 tonnes en 2024. La Côte d'Ivoire a réduit ses volumes de 45 % (de 2 628 à 1 435 tonnes), et le Portugal a chuté de près de 50 %, tombant sous la barre des 1 100 tonnes. Un net recul, quand on sait qu'en 2022, le Portugal et la Côte d'Ivoire expédiaient chacun environ 3 600 tonnes.

À contre-courant, les Pays-Bas ont vu leurs exportations d'ananas vers l'Espagne bondir de 116,6 %, atteignant 2 021 tonnes en 2024.

Sur le marché mondial de l'ananas — l'un des principaux fruits tropicaux en termes de volume d'exportation — la réexportation gagne en importance. Les réexpéditions espagnoles ont progressé de 63 % en deux ans, passant de 33 342 tonnes en 2022 à 54 357 tonnes en 2024. Cette croissance bénéficie surtout aux partenaires européens : Portugal (+47 %), Allemagne (+475,5 %), Italie (+38 %), Autriche (+1 600 %) et Hongrie (+353 %). Les expéditions vers le Maroc ont également augmenté de 37 % par rapport à 2023.

En Espagne, l'Andalousie est la première région importatrice d'ananas, avec la province de Cadix qui importe à elle seule autant que l'ensemble de la Catalogne.

Pays-Bas : les retards d'approvisionnement alimentent une demande sous tension
Les retards de livraison jouent un rôle déterminant dans la tension actuelle du marché néerlandais de l'ananas. « La demande est excellente, mais toutes les livraisons arrivent en retard et les volumes sont insuffisants. La production au Costa Rica reste marginale, pénalisée par d'abondantes précipitations cet hiver suivies d'une période de sécheresse intense. D'ici la fin du mois, les arrivages en Europe devraient rester limités », explique un importateur.

Cette situation perturbe fortement les chaînes d'approvisionnement : les supermarchés et les usines de transformation reçoivent leurs commandes trop tard, voire pas du tout. Cela génère une demande artificielle — dès que les stocks sont vides, les clients se tournent vers d'autres fournisseurs, inversant la situation lors du cycle suivant.

Sur le marché libre, les prix varient actuellement entre 12 et 18 euros. Toutefois, ces niveaux élevés sont difficilement tenables dans le cadre de contrats d'approvisionnement à prix fixe.

Allemagne : offre étroite et coûts logistiques élevés
L'approvisionnement allemand repose principalement sur le Costa Rica, dont les volumes demeurent faibles en raison des conditions climatiques défavorables et des retards dans les chaînes logistiques, tant maritimes qu'aériennes. Les coûts de fret, notamment par avion, restent particulièrement élevés.

Cette rareté maintient les prix à un niveau élevé de façon prolongée. « Nous enregistrons des prix extrêmement élevés depuis plusieurs semaines. C'est habituel pour la saison, mais cette année, cela dure anormalement longtemps », souligne un grossiste.

France : situation de marché « sans précédent »
En France, la situation est qualifiée d'inédite par les professionnels : des volumes très faibles en provenance du Costa Rica et des prix historiquement élevés. Plusieurs facteurs expliquent cette tension : des pluies abondantes ont nui à la qualité (fruits peu colorés et petits calibres), des contraintes logistiques (conteneurs vides et manque de bateau), et une redirection croissante des volumes vers l'Amérique du Nord, où les prix sont plus attractifs. Face à une offre en berne, les prix continuent d'augmenter, rendant l'approvisionnement difficile pour les distributeurs français.

Afrique du Sud : retour à la normale après un pic de surcharge
Il y a deux semaines, le marché sud-africain était en situation de surstockage, avec des problèmes de qualité. Mais la situation s'est rétablie depuis. « Le flux est bon, la qualité s'est améliorée et le marché s'est stabilisé », indique un négociant du Gauteng.

Si les pluies tenaces ont temporairement dégradé la qualité, elles ont été préférées aux récentes périodes de sécheresse. Actuellement, les prix tournent autour de 100 rands (env. 4,60 €) la boîte, ou 0,50 €/kg, en baisse par rapport au 0,69 €/kg atteints en février.

La haute saison en Afrique du Sud s'étend d'octobre à décembre.

Costa Rica : des prix records stimulés par la demande industrielle
Le Costa Rica, en pleine saison de production, affiche des prix records : 0,58 $/kg au champ (env. 0,54 €) et jusqu'à 11 $ la boîte FOB (env. 10,15 €). La pénurie mondiale de jus d'orange a accru la demande industrielle d'ananas, réduisant les volumes disponibles pour le marché du frais. Malgré une logistique relativement stable grâce à des contrats sécurisés, les conditions climatiques extrêmes continuent d'affecter la production. La tendance haussière des prix pourrait se poursuivre jusqu'en 2026.

Panama : production doublée pour répondre à la demande
Le Panama a doublé sa production pour répondre à une demande particulièrement accrue, notamment en Europe et au Moyen-Orient. Si la chaleur estivale a réduit la taille des fruits, tous les calibres trouvent preneurs. Aucun impact des droits de douane n'a été signalé vers les États-Unis, mais les exportations restent majoritairement orientées vers l'Europe. Le marché demeure extrêmement dynamique.

Prochain sujet : la tomate